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13 janv. 2022
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SMCP: quels sont les enjeux de la réunion de ce vendredi?

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13 janv. 2022

Dans le dossier SMCP, le tribunal de commerce de Paris a dû intervenir. Pourtant le géant français du luxe accessible, propriétaire de Sandro, Maje, Claudie Pierlot et Fursac, affiche des résultats probants ces derniers mois. Mais le groupe, dirigé depuis l'automne dernier par Isabelle Guichot qui a pris le relais de Daniel Lalonde, se trouve confronté à un problème d'un autre ordre.


Sandro


Dans le cadre d'une bataille âpre entre l'actionnaire majoritaire du groupe, la société luxembourgeoise European Topsoho qui est une filiale du géant chinois en perdition financière Shandong Ruyi, et ses créanciers réunis dans le trustee Glas, le tribunal de commerce a décidé en décembre la tenue d'une assemblée générale des actionnaires ce vendredi 14 janvier à 14h au siège du groupe parisien.

Le moment apparaît décisif dans cette affaire, tant la situation est tendue et complexe.

En septembre dernier, European Topsoho s'est retrouvé dans l'incapacité de rembourser un emprunt obligataire de 250 millions d'euros, une dette échangeable en titres et représentant environ 37% du capital social de SMCP.

Les créanciers (Anchorage Capital, Carlyle Group, la structure française Boussard & Gavaudan et BlackRock) s'étaient alors réunis dans la structure GLAS afin de défendre leurs intérêts et récupérer leur mise... affichant leur volonté collective de ne pas devenir propriétaire de SMCP. Une position complexifiée par le fait que, le groupe étant côté à Paris, le trustee doit rester sous le seuil des 30% sinon il doit formuler une offre publique d'achat.

S'en est suivi un jeu juridique à trois bandes, de Paris à Londres en passant par le Luxembourg, entre European Topsoho et ses créanciers. Un scénario surprenant tous les observateurs, menant même European Topsoho a cédé des parts de SMCP sans réaliser aucune des déclarations légales nécessaires auprès des autorités compétentes et sans que l'acquéreur ne se déclare. Des actions qui ont finalement été retrouvées dans les Iles Vierges britanniques au sein d'une entreprise baptisée Dynamic Treasure Group Limited et dont la dirigeante n'est autre que Chenran Qiu, qui siège aussi au conseil d'administration de SMCP et est la fille de Yafu Qiu, le fondateur du groupe chinois Shandong Ruyi.

Le 6 janvier, la déclaration a finalement été réalisée auprès de l'Autorité des marchés financiers. Dans celle-ci, il est énoncé que "la société à responsabilité limitée de droit luxembourgeois European Topsoho a précisé détenir, au 6 janvier 2022, 6.075.848 actions SMCP représentant 12.151.696 droits de vote, soit 8,03% du capital et 14,01% des droits de vote de cette société".

European TopSoho a par la suite tenté d'annuler ou repousser l'assemblée générale des actionnaires de ce vendredi. Sans succès.

Objectif pour les créanciers: évincer les représentants d'European Topsoho du conseil d'administration



L'enjeu est en effet d'importance. Les créanciers, via Glas, ont pour objectif de démettre tous les représentants liés à Shandong Ruyi qui siègent au conseil d'administration et de placer quatre de leurs représentants. C'est l'ordre du jour de l'assemblée générale.

Le groupe SMCP est aujourd'hui présidé par Yafu Qiu, milliardaire derrière Shandong Ruyi. Le conseil compte dans ses membres la directrice générale du groupe Isabelle Guichot,  les fondatrices de Sandro et Maje Evelyne Chetrite et Judith Milgrom, Chenran Qiu, Kelvin Ho, Xiao Su et Weiying Sun qui ont dirigé le groupe Trinity (qui faisait partie de la galaxie Shandong Ruyi), Lauren Cohen, Marina Dithurbide ainsi que les membres indépendants Christophe Cuvillier, Xiao Wang, Orla Noonan et Dajun Yang.

Parmi les administrateurs indépendants proposés pour remplacer les représentants du groupe chinois, Christopher Zanardi-Landi, le PDG de Louis Vuitton Chine; Christophe Chenut, président du conseil de surveillance de Hopscotch; ou Xavier Veret, spécialiste du retournement d'entreprises et des situations de crises et passé notamment chez Bourbon Offshore



Pour autant rien ne semble encore joué. Comme relevé par l'analyste Jefferies, Glas dispose de 25% des droits de vote. European Topsoho et Dynamic Treasure Group Limited disposeraient de 28% des droits de vote. Il va donc falloir que le représentant des créanciers rallie derrière lui une part significative des détenteurs d'actions SMCP qui, tous ensemble, représentent 36% des voix et les managers et dirigeants qui pèsent 10% des voix.

Si le projet des dirigeants de Glas aboutit, le trustee prendrait le contrôle du "board" du groupe, les représentants de Shandong Ruyi devenant minoritaires, et pourrait ainsi mettre sur pied et valider sa stratégie. Sa volonté est, selon ses déclarations précédentes, de trouver un repreneur pour le groupe français en vendant d'un seul tenant la majorité des actions au futur propriétaire. L'analyste Jefferies pencherait dans ce cas là pour une cession à un acteur du capital-investissement ou à un autre groupe de luxe ou luxe accessible.

Le vote de ce 14 janvier est donc crucial pour trouver une issue à ce conflit qui est une épine dans le pied du groupe français qui pesait 873 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020. SMCP vise un milliard d'euros de ventes en 2021 et doit présenter ses résultats annuels à la fin du mois.









 

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