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13 janv. 2020
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Disruptual veut installer la seconde main dans le réseau des enseignes

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13 janv. 2020

L’engouement pour la seconde main modifie les contours de la consommation de mode, et fait émerger de nouveaux acteurs. Désormais assailli par les demandes des marques d’habillement, le prestataire Disruptual crée pour elles des plateformes web de revente de mode d’occasion, soit une douzaine à ce jour pour Okaïdi, Jacadi ou Cyrillus. Et de nombreuses autres sont dans les cartons. "Confrontées à la démocratisation de l’achat d’occasion, les marques prennent conscience que ce marché parallèle, plutôt qu’une menace, peut s’avérer un levier important de croissance supplétive, relate Olivier Clair, le cofondateur avec Yannick Poinsu de la société installée à Villeneuve d’Ascq. Si au départ, vouloir se frotter à la seconde main pouvait avoir un effet de com’, ce n’est aujourd’hui plus un gadget : les marques qui nous contactent s’y intéressent sérieusement, y allouent un budget important et comptent mobiliser tout leur réseau".


En 2019, selon l'IFM, pas moins de 39 % des Français ont acheté au moins un vêtement ou accessoire de mode de seconde main. - Cyrillus


Initiée en 2016 pour permettre aux distributeurs de mettre en relation des clients pour divers services (ateliers de bricolage entre particuliers par exemple), la société Disruptual a changé son fusil d’épaule un an plus tard en observant le succès de Vinted et en flairant le potentiel que pourrait alors représenter la seconde main pour les enseignes. Soit mettre en relation les consommateurs pour la transaction de vêtements d’occasion, tout en contrôlant cet échange, et surtout en incluant le point de vente comme une étape du parcours d'achat. "Selon les cas, c’est en boutique que peut s’effectuer l’échange conclu sur le web entre les clients, et celui qui a vendu son produit peut choisir un bon d’achat à dépenser en ligne ou en magasin, détaille le dirigeant. C’est un service drive to store qui utilise le web pour recréer du trafic en magasin."

Par exemple, chez Cyrillus (qui a été le premier client de Disruptual en 2017), la marque abonde de 50 % le montant de l’article vendu afin de générer le bon d’achat, pour lequel optent à 80 % les clients qui vendent leurs produits d’occasion, plutôt que de choisir le cash. Surtout, ces derniers dépensent au final deux fois la valeur du bon en moyenne.

Levée de fond d'1,5 million d'euros



L’ambition de Disruptual, qui a levé 1,5 million d’euros en fin d’année 2019, est désormais de propulser les articles de seconde main directement dans les points de vente des enseignes. L’objectif ? Implanter pas moins d’un millier de corners dédiés à des produits aspirant à une deuxième vie. Si Olivier Clair ne lève pas le voile sur le nom des acteurs qui vont participer à ce lancement massif, Kiabi serait selon nos informations concerné. L’enseigne nordiste a déclamé l’an dernier ses intentions en matière de durabilité, incluant le lancement d’actions en faveur de la seconde main.

Il pourra s’agir selon les acteurs de corners de 20 à 30 mètres carrés sur le modèle du dépôt-vente classique, ou d’articles de seconde main vendus par une marque qui a au préalable racheté ces vêtements à ses clients. Quid de la concurrence directe entre produits neufs et de seconde main dans un même point de vente ? "Ce n'est pas un sujet. La seconde main attirera sans doute des nouveaux clients en magasin, et cela sera générateur de ventes additionnelles d’articles neufs", indique celui qui a par le passé évolué chez La Redoute et Promod notamment. Certains freins restent néanmoins encore à lever : "Nous mettons au point un système de caisse permettant de payer au même endroit (et en même temps) des articles d’occasion et neufs".


Jacadi vient de lancer sa plateforme ÏDTroc Jacadi, et expérimente aussi la seconde main dans ses boutiques parisiennes, avant d’étendre le service en France au cours de l’année. - Capture écran


La société entend lancer deux autres nouveaux services cette année. L’un concerne les retours de produits, qui sont coûteux en termes de logistique pour les marques. Il s’agirait d’identifier sur la plateforme de seconde main de potentiels acheteurs locaux, en leur proposant l’article retourné à un prix légèrement plus bas que le neuf (le vendeur étant remboursé intégralement, la décote étant financée par la marque). D’autre part, afin d’aider les enseignes à gérer leurs invendus, l’entreprise veut proposer une solution web permettant à chaque magasin de piloter localement l’écoulement de ses articles restant en stock à prix réduit, tout en recréant là aussi du trafic en magasin puisque le vêtement sera à retirer en point de vente. 

Fort de ses accords avec des marques de mode, Disruptual, qui exposera au prochain salon Who’s Next (du 17 au 20 janvier 2020 à Paris), étend son spectre à d’autres secteurs d’activité et planche sur des projets seconde main côté décoration, sport ou pièces auto. "Seuls les acteurs du luxe restent encore sceptiques et font mine de ne pas voir… (que leurs produits se revendent, ndlr). Nous sommes en train de les approcher en liant seconde main et traçabilité grâce à la blockchain", conclut Olivier Clair.

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