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Xu Ying Xin: "Il est temps pour la Chine d'investir hors de ses frontières"

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24 oct. 2013

M. Xu Ying Xin

La Chine connait une transition de son industrie vers des produits plus haut de gamme, conséquence des successives hausses de salaires. Une mutation autour de laquelle les responsables de la filière ont développé une stratégie mêlant renforcement technologique, créations de marques, développement durable et formation. Mais c'est aussi à l'étranger que les industriels chinois investissent, comme l'a expliqué à FashionMag.com Xu Ying Xin. Le président assistant du CNTAC (China National Textile & Apparel Council) et vice-président exécutif du CCPIT (Sub-Council of Textile Industry) à l'occasion du salon Intertextile de Shanghaï.

FashionMag.com: Comment comptez-vous accompagner l'évolution que connait actuellement la production chinoise ?
Xu Ying Xin: Nous comptons des dizaines de milliers d'usines, et nous avons pour objectif de devenir une industrie plus forte et plus sophistiquée. Dans cette période récente, l'économie mondiale et la situation du marché ont changé. L'économie chinoise a elle-même évolué. Le coût du travail a beaucoup augmenté. De fait, nous devons reconstruire notre industrie et améliorer la qualité de notre industrie textile. L'un des aspects clefs de cette évolution est la technologie. Nous devons mettre à jour et renforcer nos capacités technologiques pour mieux suivre la demande. Un autre point est le développement de nos propres marques et la promotion de ces marques chinoises. Nous en avons d'ores et déjà beaucoup. Et elles se doivent de monter progressivement en gamme. Les consommateurs aiment consommer des marques. Il faut donc mettre celles-ci en avant. Nous espérons, dans une dizaine d'années, avoir plusieurs centaines de belles marques à promouvoir.

FM: Vous avez durant ce salon insisté sur la réduction des pollutions industrielles. Comment souhaitez-vous faire bouger les pratiques ?
XYX: Nous plaçons la durabilité de notre industrie parmi nos priorités. Aujourd'hui, et pas seulement en Chine, nous sommes tous préoccupés par la réduction de la pollution émise par notre activité, et la protection de notre environnement. Dans notre industrie, c'est également très important de développer de nouvelles approches dans ce domaine. Le recyclage, l'utilisation de fibres naturelles... Autant de leviers qui nous permettent de réduire à l'avenir notre pollution. Principalement dans les métiers de teinture et de la finition, en Chine, où nous incitons fortement les industriels à travailler au retraitement des eaux.

FM: Les exposants chinois d'Intertextile évoquent souvent la question de la formation. Quelle est votre vision de cet enjeu ?
XYX: C'est la 4ème priorité que nous avons identifiée: apporter une meilleure formation à nos professionnels. Nous voulons développer l'industrie, mais le travail reste au final aux mains des personnes officiant dans nos usines. En Chine, nous avons des universités, des écoles techniques et centres de formation. C'est un aspect primordial. Nous devons compter plus de personnes capables de comprendre ces nouvelles technologies, capables de développer de nouveaux designs. Par cet aspect, allié aux trois autres points de développement que j'ai évoqués pour notre secteur, nous pensons que nous pourrons ainsi rester forts dans l'industrie mondiale du textile et de l'habillement. Et surtout garder notre compétitivité au niveau mondial.

FM: Vous inquiétez-vous de voir nombre d'entreprises chinoises délocaliser leurs productions d'entrée de gamme ?

XYX: Il est temps pour la Chine et ses entreprises d'investir hors de ses frontières. A ce jour, un grand nombre se sont déjà développées dans certains pays, comme le Bangladesh et le Vietnam. Il y a encore quelques jours, une grande délégation venue du Pakistan est arrivée à Shanghaï pour parler à nos responsables. Ils sont en train d'adopter des règles qui permettront aux entreprises chinoises de développer plus facilement une activité pakistanaise. Il y a donc une très grande évolution. Les sociétés chinoises vont continuer ces investissements extérieurs. Mais concernant les manières de le faire, elles ont un grand choix d'options. Qu'il s'agisse de construire des usines, d'acheter des entreprises existantes, de coopérer avec des marques étrangères... Ce développement de la filière chinoise à l'étranger va prendre bien des formes.

FM: Il y a depuis peu une zone de libre-échange à Shanghaï. Qu'attendez-vous de ses effets, et souhaitez-vous en voir apparaitre d'autres ?
XYX: Je pense évidemment que de telles zones pourraient rendre plus faciles les exportations de la Chine vers ses partenaires étrangers. Les entreprises qui ont adhéré à ce projet de développement devraient rapidement voir les profits que cette nouvelle zone leur offre. Quant à savoir s'il en faudrait d'autres sur le même modèle, je ne peux vous répondre: je n'y ai très honnêtement pas encore réfléchi. Mais c'est une possibilité.

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