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Tod’s voit l’avenir en rose avec un trimestre en forte reprise

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18 mai 2021

Les étoiles semblent on ne peut mieux alignées pour Tod’s. Le chausseur de luxe italien, qui a intégré récemment l’influenceuse Chiara Ferragni à son board et vu LVMH monter à 10% de son capital, se veut optimiste. La stratégie engagée depuis quelques années mettant l’accent sur créativité et digital commence à porter ses fruits, et le patron du groupe, Diego Della Valle se montre confiant.

Une silhouette Tod's pour l'automne-hiver 2021-22 - © PixelFormula

 
Alors que Tod’s a enregistré le cinquième exercice consécutif en baisse, achevant 2020 sur un recul de 30% à 637 millions d'euros avec une perte opérationnelle nette de 135 millions d'euros, il s’affiche en nette reprise au premier trimestre 2021 avec un chiffre d’affaires de 178,7 millions d’euros, en hausse de 17% par rapport à la même période un an plus tôt (+18,8% à taux de change constants), et ce en dépit de l’impact négatif des devises sur les revenus du groupe.

Ce rebond est légèrement plus soutenu qu'anticipé par le marché mais il reste insuffisant pour ramener les ventes à leur niveau d'avant la pandémie, soit 216 millions d'euros au premier trimestre 2019. Sur les trois premiers mois de l’année, le groupe tire son épingle du jeu surtout grâce à la marque de souliers française Roger Vivier, dont les ventes ont bondi de 59% à 48,6 millions d’euros.

La griffe a bénéficié d’une plus grande exposition sur le marché asiatique et son chiffre d’affaire représente désormais plus de la moitié de celui de Tod’s, la marque phare du groupe, qui a atteint 76,7 millions d’euros en ce premier trimestre (-5,5%), tandis que les sneakers Hogan ont progressé de 11,5%. Seule la ligne d’outerwear Fay s’inscrit en baisse (-6,9%).
 
La reprise du groupe a pu se réaliser notamment grâce à la Grande Chine, où elle affiche une croissance à trois chiffres (+136,7%) à 62,8 millions. Néanmoins, toutes les autres régions ont enregistré une baisse en raison de la fermeture des points de vente pour cause de pandémie. Le réseau de vente de Tod’s est composé de 300 boutiques monomarques en gestion directe et 99 en franchise, qui ont été ouvertes sur la période seulement à hauteur de 84% (de 67% pour l’Italie et de 47% pour le reste de l’Europe).
 
"Nous avons enregistré d’excellents résultats dans les régions où nous avons pu garder nos magasins ouverts, tandis que nous avons été plus faibles dans les pays occidentaux, pénalisés par de longues périodes de fermeture de nos boutiques", résume dans un communiqué Diego Della Valle, en notant aussi "la hausse très forte du canal e-commerce, avec une croissance très soutenue, supérieure à nos attentes".


Roger Vivier reste la marque la plus dynamique du groupe Tod's - rogervivier.com

 
Les ventes en ligne et la communication digitale constituent désormais les nouveaux leviers stratégiques pour l’entreprise, comme le souligne le patron de Tod’s dans un entretien au supplément économique de Repubblica, Affari & Finanza, ce lundi. "Tous les éléments sont en place, les produits, la qualité, l’offre. L’ultime point à ajouter c’est comment le raconter à travers de nouveaux outils et langages. (…) Désormais, nous sommes prêts pour communiquer la qualité, l’excellence et le lifestyle italien de nos produits en utilisant une communication principalement digitale".
 
Dans cet entretien, Diego Della Valle se dit très confiant pour l’avenir en évoquant son nouveau modèle de business, qui "s’appuie sur  moins de wholesale et davantage d’e-commerce et retail". Sur ces deux derniers réseaux, les ventes ont progressé de 26,8% au premier trimestre. L’entreprise planche aussi sur un programme de pop-up itinérants dans le monde et est en train de changer de processus productif afin de réaliser et lancer des collections plus petites et plus fréquentes, plus ou moins tous les deux mois.
 
Dans ce contexte, Tod’s envisage d’investir dans un nouveau pôle logistique à Brancadoro, dans les Marches, site qui accueille déjà son siège ainsi que fabriques et entrepôts, afin d’alimenter les différents hubs dans le reste du monde et soutenir le développement du e-commerce. Pour ce qui est du réseau de vente au détail, la société est prête à investir dans de nouvelles ouvertures "en cas d’opportunités incontournables". Mais l’objectif prioritaire reste celui "de faire croître considérablement les résultats dans chacun des magasins que nous avons déjà".
 
Et Diego Della Valle de rappeler que Tod’s a négocié avec les banques en fin d’année "une ligne de crédit d’un demi-milliard d’euros" pour avoir des ressources "au cas où se présenterait une opportunité intéressante". Revenant sur la récente annonce concernant LVMH, il a rappelé l’amitié qui le lie à Bernard Arnault depuis plus de 20 ans, lorsque ce dernier prit une participation de 3,5% dans le groupe en 2000.  "Les entreprises vivent de faits, et non de rumeurs. Si l’occasion se présente de prendre des initiatives ensemble, nous le ferons avec plaisir. En attendant, nous surveillons les opportunités comme nous l’avons toujours fait", indique-t-il.
 
Lors de la publication des résultats trimestriels, son directeur financier Emilio Macellari s'est exprimé dans les mêmes termes, déclarant que Tod’s et LVMH "parlent le même langage" et pourraient développer leurs coopérations industrielles ou commerciales, par exemple en partageant des espaces de vente dans des centres commerciaux. "Il existe une possibilité raisonnable pour que nous fassions des choses ensemble à l'avenir", a-t-il dit. Mais il a ajouté que "rien n'a été décidé ou discuté avec LVMH pour l'instant".

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