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Paul Kaplan
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19 janv. 2019
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Thom Browne : papier bulle et transgression du vêtement masculin

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Paul Kaplan
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19 janv. 2019

Laissez à Thom Browne le soin d'élargir la définition de la mode masculine et les limites de notre imagination grâce à une collection minutieusement déconstruite qui a égayé un samedi humide et gris à Paris.


Thom Browne - Automne-hiver 2019 - Prêt-à-porter masculin - Paris - © PixelFormula


Alors que les gilets jaunes se réunissaient à proximité pour une nouvelle journée de manifestation, une petite escouade de fashionistas a réussi à traverser les innombrables avenues et rues fermées par les forces de l'ordre afin d'assister au défilé Thom Browne, sous la verrière de l'école des Beaux-Arts.

Un groupe de mannequins en robes en papier bulle, coupées très courtes, munis de mitaines et ornés de coiffes de pharaons, a ouvert le bal, passant devant une vingtaine de poteaux eux-mêmes entourés de papier bulle. Au moment du finale, le groupe est revenu pour dévoiler une série de poupées de couture, les mannequins miniatures sur lesquels la collection avait été construite.

En effet, Thom Browne a adopté une approche inspirée de la mode féminine pour définir son prêt-à-porter masculin cette saison, incorporant des corsets dans la couture classique, ajoutant des effets trompe-l'œil et incluant des drapés très haute couture. Ou comme il l'a dit lui-même après le défilé : « Déconstruire pour se réapproprier les pièces en robes. »

Thom Browne a fait confectionner des miniatures de toute cette collection, quelque chose qu'il avait déjà fait pour la mode féminine, mais jamais pour le prêt-à-porter masculin. Le résultat : un défilé remarquable. La tenue d'ouverture comprenait un blazer en flanelle grise, une chemise blanche, un de ses célèbres pantalons feu-de-plancher et un long manteau bleu, le tout transformé en une superbe robe de soirée. Pour hommes.

Les silhouettes incroyables se sont succédé - comme cette robe-manteau découpée en panneaux, avec des insertions en trompe-l'oeil pour le col de chemise et la cravate d'écolier. Thom Browne croisait, mélangeait et drapait des assemblages de carreaux, de rayures et de jersey pour créer des silhouettes vraiment inattendues. La plupart des pièces étaient ornées de son gros-grain signature, rayé de rouge, blanc et bleu, et incarnaient l'ADN chic et arty du créateur new-yorkais.


Thom Browne - Automne-hiver 2019 - Prêt-à-porter masculin - Paris - © PixelFormula


En un mot, il s'agissait de prendre des pièces classiques dans la garde-robe traditionnelle d'un homme et de les transformer en robes du soir. Une mode vraiment avant-gardiste, bien que confectionnée dans des tissus très classiques - de la laine de chasse anglaise, des tweeds Harris, des laines Shetland et des cachemires militaires. 

« Je voulais adopter une approche très féminine pour la collection. Au final, les formes de la veste et du trompe-l'œil sont tout simplement très belles. J'adore l'idée que des mecs portent une robe. Ils sont ouverts à tellement plus de choses aujourd'hui », assurait Thom Browne après le défilé. Avant d'ajouter en gloussant : « Nous avons l'habitude d'utiliser du papier bulle pour expédier nos produits. J'ai donc transformé ce tissu "logistique" en vêtements. Tout ce qui est sur le podium est à vendre ! »

« J'ai prévu autre chose avec les poupées. Je ne peux pas dire quoi. J'ai voulu prendre des versions classiques, puis faire du trompe-l'œil, puis du drapé, puis de la déconstruction », explique Thom Browne, probablement le créateur américain le plus doué techniquement de ce siècle.

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