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6 oct. 2021
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SMCP: les créanciers détiennent désormais 29% des droits de vote

Publié le
6 oct. 2021

La machine est enclenchée pour un changement d'actionnaires majoritaire de SMCP. Les créanciers de European Topsoho, filiale luxembourgeoise du conglomérat chinois Shandong Ruyi et propriétaire du groupe textile français, ont annoncé détenir à présent 29% des droits de vote de la société française à la suite du défaut de son actionnaire majoritaire. Ils indiquent cependant ne pas avoir l'intention de prendre le contrôle de la société.


DR


Ce transfert de droits fait suite au défaut de l'actionnaire majoritaire (53%) de SMCP, European Topsoho, filiale luxembourgeoise du chinois Shandong Ruyi, qui n'a pas remboursé à temps un emprunt obligataire de 250 millions d'euros, une dette remboursable en titres.

"L'emprunt obligataire est arrivé à maturité le 21 septembre et l'intégralité des sommes dues à ce titre sont devenues exigibles, soit un montant total de 250 millions d'euros", a confirmé Glas. European TopSoho "ne s'étant pas acquittée des sommes dues à bonne date", les créanciers indiquent lui avoir envoyé "une notification de défaut" ouvrant la voie à l'échange des obligations en actions SMCP.

Le trustee Glas, qui regroupe les créanciers -soit les fonds BlackRock, Carlyle, Anchorage, Boussard et Gavaudan-  a ainsi repris 28,99% des droits de vote de SMCP, selon une déclaration de franchissement de seuils publiée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) mardi.

Dans sa volonté de ne pas reprendre directement la main sur le groupe, Glas n'a pas repris les 23% d'actions qu'il était en droit de demander. Une source proche du dossier avance que Glas ne détient pas la propriété des actions mais seulement le droit d'exercer les droits de vote qui y sont attachés. Ces actions restent donc dans le portefeuille d'European Topsoho jusqu'à nouvel ordre.

Mais le dossier est loin d'être clos. En effet, 37% des actions détenues par Topsoho (sur le total des 53% que la société possède) sont nantis, ce qui signifie que Glas pourrait potentiellement les revendiquer pour tenter de se faire rembourser les 250 millions d'euros. Dans le document de l'AMF, le trustee souligne qu'il attend que Topsoho engage une procédure d'insolvabilité au Luxembourg, où l'entreprise est établie. Et précise qu'il pourrait "saisir la juridiction compétente au Luxembourg afin d'y faire ouvrir une telle procédure et faire nommer un curateur pour European TopSoho S.à r.l. dès que possible afin qu'il exerce un contrôle sur les actifs de cette dernière". Une démarche qui inclurait l'intégralité des actions possédées par la filiale de Shandong Ruyi.

La prochaine échéance est fixée au 19 octobre, date à laquelle le trustee pourra revendiquer les 37% d'actions couverts par la sûreté de droit anglais (car l'accord initial a été signé au Royaume-Uni). Reste que là aussi les créanciers ne souhaitant pas franchir le seuil de 30% des actions les obligeants à opérer une OPA, ne devraient pas directement prendre possession de l'intégralité des actions.

Dans sa déclaration à l'AMF Glas explicite la manière dont il entend agir. Pour obtenir ses fonds, le trustee prévoit deux actions. D'abord, il exercerait une " prise de possession temporaire par le Trustee de la propriété d'une partie des actions nanties pouvant représenter jusqu'à 29% du capital social". Cela ne permettant visiblement pas d'atteindre le montant de 250 millions d'euros, il engagerait alors, en saisissant une cour britannique, " la nomination par le Trustee d'un receiver (mandataire professionnel de droit anglais) en charge de vendre à un tiers, avec le Trustee le cas échéant, l'intégralité des actions nanties, idéalement en bloc avec les actions non nanties si le curateur y participe, auquel cas ledit tiers serait alors tenu de déposer un projet d'offre publique obligatoire".

En clair, la démarche invite clairement Topsoho a céder à un repreneur l'intégralité de ses actions afin d'opérer le remboursement. Et pour mettre la pression, les créanciers ayant obtenu une grande partie des droits de vote entendent prendre la main sur le conseil d'administration de SMCP avec l'intention de faire entrer trois administrateurs au Board, indiquant la porte de sortie au président du conseil d'administration actuel, Yafu Qiu. Une démarche qui nécessiterait plusieurs étapes administratives.


Ces documents sont donc la première passe d'une bataille juridique qui devrait durer plusieurs semaines. Reste à savoir quels seront les profils des candidats à une reprise. Si les créanciers ne semblent pas intéressés, on imagine qu'un groupe de marques françaises positionnées sur le créneau du luxe accessible ne devrait pas laisser insensible un acteur très actif comme L Catterton, lié au groupe LVMH. Mais de nombreux fonds disposent actuellement de liquidités. Preuve en est, depuis l'annonce d'une potentielle sortie de l'actionnaire majoritaire actuel, le cours de Bourse de SMCP est en hausse. De 5,3 euros l'action mi septembre, il est passé à 7 euros ce 6 octobre.

SMCP dispose en effet de beaux atours. Au cours du premier semestre, bien que toujours pénalisé par la crise sanitaire le groupe textile avait renoué avec les bénéfices grâce à ses ventes en Asie et aux États-Unis.

Avec AFP

 

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