Publié le
16 févr. 2022
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Relocalisation: Natup prêt à produire son premier fil de lin

Publié le
16 févr. 2022

Avec pour ambition d'en relancer la production en France, Natup a finalisé le déploiement de sa filature de lin "au mouillé", baptisée La French Filature, sur son site de Saint-Martin-du-Tilleul, dans l'Eure. Un outil qui sortira son premier fil dans les prochains jours, et sera à même de produire 250 tonnes de fils par an à destination de l'habillement et du linge de main.


Natup


Une quantité qui correspond à la production de 1,25 million de chemises, 750.000 pantalons de yoga ou 300.000 draps de lit. Des produits potentiellement 100% produits en France à partir d'une fibre cultivée elle-même en France, la filature de lin étant devenue depuis deux décennies le chaînon manquant d'une production totalement tricolore.

"La chaîne de valeur est désormais maitrisée de bout en bout, garantissant une traçabilité complète et une optimisation de l’impact environnemental du produit fini, se félicite le directeur général de Natup Karim Behlouli. Fabriquer un fil de lin au mouillé en maîtrisant localement sa chaîne de production, de la culture de la graine jusqu’au produit fini, permet de nourrir l'écosystème et de satisfaire un nouveau segment du marché, celui de l'habillement et du linge de maison 100% français."

Fort d'un budget de 4,4 millions d'euros amené par l'entreprise, l'Etat et la région Normandie, La French Filature repose sur une série de machines de filature de dernière génération. Pour les opérer, 29 salariés ont été formés. Il s'agira de produire des fils de lin au mouillé, procédé permettant d'obtenir un fil plus fin que le procédé dit "au sec".

Natup n'est d'ailleurs pas la première structure à relancer en France la filature de lin. En Alsace, l'entreprise Velcorex-Matières Françaises a lancé l'an passé la production de fils de lin "au sec". Des fils principalement destinés à la mode casual, avec un toucher approchant celui du denim, ou au workwear.

Un autre projet de filature au mouillé va pour sa part se concrétiser cet été à Béthune, où l'entreprise Safilin va relocaliser sa production, qu'elle avait un temps déplacé en Pologne. Les trois industriels se retrouvent par ailleurs dans le projet Linpossible, par lequel des marques comme 1083 ou Splice soutiennent la réimplantation de la filière en prenant des engagements de commande.


Shutterstock


Cette effervescence autour du lin en France n'est pas un hasard. La Belgique, les Pays-Bas et la France représentent à eux trois 80% de la production mondiale de lin. Cette fibre part ensuite aujourd'hui massivement vers les filatures chinoises.

Pour garantir l'identité et la traçabilité de la matière, la Confédération du lin et du chanvre a déployé le label d'origine European Flax et la certification Masters of Linen, mettant en valeur les filateurs et tisseurs de lin européens responsables. La filière vient en outre de devenir la première filière agro-industrielle à mesurer ses impacts environnementaux via la PEF (product environmental footprint ou empreinte environnementale de produit en français), une nouvelle méthodologie développée par l'Union européenne.

L'initiative de Natup s'appuie de son côté sur une expertise existante du groupe agro-industriel dans le lin. Le groupe détient en effet l'entreprise Lemaitre Demeestere, expert du lin pour l'ameublement et la décoration, ainsi qu'Eco-Technilin, spécialiste des fournitures de solutions à base de fibres naturelles, à commencer par le lin. Fort d'un chiffre d'affaires de 1,14 milliard d'euros, Natup rassemble 7.000 agriculteurs et 5.000 adhérents en Normandie, Picardie, Île-de-France et Eure-et-Loir.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com