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Quotas : barrière illusoire aux importations de textile chinois selon les experts

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26 août 2005

BRUXELLES, 26 août 2005 (AFP) - La crise des produits textiles chinois bloqués aux portes de l'UE, qu'une délégation européenne tente actuellement de dénouer à Pékin, était largement prévisible, selon des experts qui estiment illusoire la remise en place de quotas.


Magasin touristique vendant des t-shirts à l'effigie de la Chine
Photo : Frederic J. Brown

"Les quotas ne sont jamais une bonne solution. C'était une erreur de les remettre en place juste après les avoir supprimés à la fin l'année dernière", juge Dean Spinanger, expert en commerce international à l'institut d'économie de Kiel (Allemagne).

Le marché européen du textile s'était en effet totalement ouvert aux produits chinois le 1er janvier 2005, mais devant la progression vertigineuse des importations et sous la pression des fabricants européens, l'UE et la Chine s'étaient accordés en juin pour contingenter 10 catégories de produits.

Sept catégories ont déjà atteint ou dépassé leur quota d'importation et des dizaines de millions d'articles sont bloqués en douanes, ce qui provoque la colère des importateurs et des distributeurs.

"Nous sommes dans une situation que l'on aurait dû largement anticiper", confirme Philippe Chalmin, professeur d'économie internationale à l'université Paris-Dauphine.

"On a remis en place des quotas mais il ne faut pas se faire d'illusion, la dynamique commerciale et industrielle chinoise étant ce qu'elle est, ils (Ndlr, les Chinois) sont appelés à les dépasser", estime-t-il.
Pour la Foreign Trade Association (FTA), lobby qui représente les importateurs et les distributeurs européens, "la seule solution acceptable et équitable est d'autoriser à rentrer toutes les marchandises commandées avant le 12 juillet, avant l'entrée en vigueur de l'accord de Shanghai".

La porte-parole de la FTA, Anja Loercher, précise que "les quotas n'auraient pas posé problème si les distributeurs avaient été prévenus à l'avance. Ils travaillent sur des cycles d'achat de six à neuf mois, or les quotas ont été imposés en cinq semaines", entre juin et début juillet.

"Le même problème se reposera l'an prochain, étant donné que beaucoup d'importateurs européens ont déjà passé des commandes pour 2006", prédit la FTA, qui préconise de "grouper les quotas 2006 et 2007 pour donner de la flexibilité aux importateurs".

L'association des industries européennes du textile et de l'habillement, Euratex qui, avec l'appui de pays producteurs comme la France ou l'Italie, avait plaidé au printemps pour la réintroduction de quotas, s'oppose évidemment à leur démantèlement.

"Je doute fort que cet accord soit réduit à néant parce que des distributeurs ont décidé d'acheter plus que ce que leur permettaient les quotas", déclare son directeur général, Bill Lakin.

Celui-ci dénonce "l'importation de produits à bas prix en quantités exagérément élevées" et "la concurrence anormale chinoise due à des prix défiant toute concurrence, même vis-à-vis des autres producteurs asiatiques".

Pour M. Spinanger, Européens et Chinois devraient s'entendre à Pékin sur "un type ou un autre de restrictions" pour sortir de la crise, et "une augmentation rapide des quotas par la suite".

S'il faut "régler au cas par cas" le problème des marchandises actuellement bloquées, il est clair qu'"à long terme les quotas disparaîtront", affirme M. Chalmin.

"Ce n'est pas l'Europe qui pose problème, cela fait longtemps qu'elle a fait son deuil de l'industrie textile de masse, sauf l'Italie qui en avait gardé et qui souffre. En France, les délocalisations sont faites depuis longtemps", estime-t-il.

Selon lui, les pays les plus touchés par la hausse des importations chinoises sont les autres fournisseurs de l'Europe, comme le Maroc, la Tunisie et la Turquie, ainsi que le Bangladesh.

A Pékin, "l'important est moins le résultat économique que les deux parties ne perdent pas la face", conclut-il.

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