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Prada va faire ses premiers pas en Bourse, au coeur de l'Asie

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22 juin 2011

HONG KONG, 22 juin 2011 (AFP) - Le groupe de luxe italien Prada entre à la Bourse de Hong Kong vendredi, dernier en date à choisir cette place au coeur de l'Asie pour lever des capitaux, mais les analystes prévoient que l'opération devrait être moins aisée que prévu.

Prada
Prada printemps-été 2011

Le prix d'introduction, bien que revu en baisse, est considéré comme trop élevé par certains analystes, et un problème de fiscalité pourrait freiner l'enthousiasme des investisseurs.

Le groupe familial, qui détient les griffes Prada, Miu Miu, Church's et Car Shoe, a préféré Hong Kong à Milan ou Londres pour introduire en Bourse 20% de son capital, signe que l'Asie est devenue incontournable pour les marques de luxe.

La semaine dernière, Prada a levé 2,14 milliards de dollars US (1,49 milliard d'euros) en vendant aux investisseurs quelque 423,2 millions d'actions au prix de 39,50 dollars de Hong Kong (3,58 euros), soit moins que prévu initialement.

Le groupe avait d'abord envisagé un prix de 48 HKD par action, permettant de lever 2,6 milliards USD.

"Prada est encore trop cher si vous le comparez avec d'autres marques de luxe, comme par exemple LVMH", estime Francis Lun, directeur général de Lyncean Holdings, basé à Hong Kong.

"La réponse des investisseurs particuliers a été décevante. Je crois qu'on peut en rendre responsables le prix et les problèmes de fiscalité. Et en juin, les Bourses n'étaient pas en forme. Tous ces facteurs contribuent à un accueil mi-figue mi-raisin", déclare-t-il à l'AFP.

Le groupe avait envisagé de se coter à plusieurs reprises ces dernières années, mais y avait renoncé chaque fois à cause de marchés moroses.

Or depuis quelques semaines, les Bourses sont à nouveau déprimées.

Samsonite, le numéro un mondial des bagages, a effectué mi-juin un début en demi-teinte à la Bourse de Hong Kong, terminant sa première séance en baisse de près de 8% par rapport à son prix d'introduction.

"Je crois que Samsonite a montré ce qui allait se passer pour Prada. Mais leurs perspectives à plus long terme sont bonnes", ajoute Francis Lun. "Prada est une bonne marque, qui marche bien en Chine".

Les investisseurs pourraient aussi être refroidis par l'absence de traité fiscal entre Rome et Hong Kong. Les actionnaires risquent de devoir payer l'impôt italien sur les plus-values (12,5%) et perdre 27% de leur dividende sous l'effet d'une autre taxe.

Reste à savoir comment les services fiscaux italiens feraient respecter ces règles à des investisseurs étrangers.

Hong Kong s'est adjugée deux années de suite, en 2009 et 2010, la première place mondiale pour les introductions en Bourse. Considérée comme une tête de pont pour les marchés asiatiques, elle attire les grandes entreprises internationales qui veulent se rapprocher de l'Asie, ses clients et ses capitaux.

Une introduction en Asie accroît par ailleurs la notoriété de la marque dans la région, selon les analystes.

Plusieurs marques ont exprimé leur intérêt pour une cotation sur cette Bourse, ou sont données partantes par la presse, tels l'américain Coach (accessoires) ou le britannique Burberry (vêtements).

Les groupes étrangers n'ont pas pour le moment l'autorisation d'être cotés en Chine continentale. Hong Kong, ancienne colonie britannique, a été rendue à la Chine en 1997 mais bénéficie d'un statut à part.

La croissance économique en Chine a dopé le niveau de vie d'une partie de la population et ce pays devrait devenir d'ici 2015 le premier consommateur au monde de produits tels que les montres, les sacs, les cosmétiques, les chaussures et les vêtements, selon le cabinet PricewaterhouseCoopers.

Après l'opération, le groupe restera contrôlé par la famille Prada et Patrizio Bertelli, directeur général et mari de Miuccia Prada, la petite-fille du fondateur qui a pris les commandes à la fin des années 1970.Par Peter BRIEGER

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