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Pour le Medef, la question des congés payés et du temps de travail se posera

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11 avr. 2020

PARIS (Reuters) - Le président du Medef Geoffroy Roux de Bezieux estime, dans une interview publiée samedi dans Le Figaro, qu’il faudra à l’issue de la crise engendrée par l’épidémie de coronavirus se poser la question “du temps de travail, des jours fériés et des congés payés” pour accompagner la reprise économique.


Geoffroy Roux de Bezieux - REUTERS/Charles Platiau



“L’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020”, déclare le président de la première organisation patronale française.

“C’est la création de richesses qui permettra d’augmenter l’assiette des impôts et donc les recettes, et ainsi de rembourser la dette accumulée pendant la crise”, ajoute-t-il.
“Ensuite, il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire”, juge le patron des patrons.

La secrétaired'État à l'Économie,Agnès Pannier-Runacher, a semblé abonder dans le même sens, samedi sur franceinfo. Elle a prévenu qu'il faudrait essayer de "rattraper" la perte d'activité induite par le confinement en cours depuis le 17 mars. "L'enjeu, c'est de permettre à tout le monde de reprendre le travail plein pot. (...) Il faudra probablement plus travailler que nous ne l'avons fait avant, il faut rattraper ce mois perdu, mais pour le faire il faut effectivement donner de la trésorerie pour sortir la tête de l'eau des entreprises qui sont aujourd'hui à l'arrêt", a-t-elle estimé.

Cette déclaration "n'était pas une réponse aux propos du président du Medef mais concernait la situation des indépendants et des petites entreprises", a cependant précisé lundi à l'AFP le cabinet de la secrétaire d'Etat.

Président délégué du Medef, Patrick Martin a lui assuré que toute modification éventuelle de la durée du temps de travail, sur le terrain, ne pourrait être envisagée que si l'entreprise et l'emploi sont "menacés", "pendant un temps, dans le respect de la loi" et "en accord avec les organisations syndicales". "C'est pas un sacrifice, c'est un coup de collier", a-t-il relevé.

"Vieilles lunes"



Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille, eux qui déplorent déjà les dérogations aux limites du temps de travail décidées par ordonnances dans le cadre du projet de loi d'urgence sanitaire, notamment le relèvement à 60 heures de la durée hebdomadaire maximale. Sans parler du chômage partiel, ou activité partielle, qui entraîne souvent une baisse de revenus de 16% pour les bénéficiaires, au nombre de 8 millions aujourd'hui, soit plus d'un salarié sur trois.

"C'est totalement indécent. Aujourd'hui, les travailleurs, comme tout le monde, sont en train de payer le coût de cette crise. Ce n'est pas à eux de payer ensuite", s'est indigné dimanche sur France 2 le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, évoquant les "vieilles lunes qui reviennent: +il faudra travailler plus+, +il faudra de la sueur et des larmes+, etc.".

Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a lui mis en avant lundi sur CNews que les salariés ne se complaisaient "pas dans la situation actuelle de confinement". "Il y a un stress psychologique énorme : on a peur quand on doit aller au travail aujourd'hui, on a peur pour sa santé ; quand on est en situation d'activité partielle, on a peur pour son emploi à venir; quand on est en télétravail confiné, c'est pesant. Vous savez, on ne va pas sortir de là reposé ou sortir de vacances, ce n'est pas du tout cette situation", a-t-il observé dimanche sur RTL.

Fustigé à gauche par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui s'est ému du "cynisme" du Medef, l'appel au "travailler plus" l'a aussi été à droite par Xavier Bertrand (ex-LR), président du Conseil régional des Hauts-de-France. Un salarié qui n'est "pas responsable de tout ça", on lui "dit qu'à la sortie c'est (lui) qui (va) payer la facture? Mais qu'est-ce qu'on veut, on veut rendre fous les Français?", s'est emporté l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy.

Mais pour le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, interrogé lundi sur franceinfo, "on ne se tire des épreuves, individuelles ou collectives, que par un surcroît d'efforts". "Tout le monde devra faire des efforts. Les entreprises comme les salariés".

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