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Patrizio Bertelli (Prada): "Le monde du luxe ressortira renforcé de la crise du Covid avec une prévision de croissance de 30%"

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Cecile Herrero
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28 oct. 2021

Le monde du luxe ressortira renforcé de la crise du Covid avec une prévision de croissance de 30%. C'est ce qu'affirme Patrizio Bertelli, PDG du groupe Prada, en ouverture de la troisième journée du Fashion Global Summit de Milan. Une course qui sera dominée par les grands du secteur alors que les plus petits auront toujours plus de peine à garder le cap: "Beaucoup de PME ont de grandes capacités et de bons produits mais n'ont pas la possibilité de s'affirmer car les coûts (digital, e-commerce...) sont devenus trop importants. Les petites entreprises auront toujours plus de problèmes à trouver une identité et devront s'appuyer sur les plus grands", explique le dirigeant. 


Patrizio Bertelli, Ceo du groupe Prada - DR


La pandémie accélère le processus de sélection, mettant à risque la survie de beaucoup de petites entreprises, qui représentent la colonne vertébrale du Made in Italy et un patrimoine culturel fondamental pour "préserver l'identité des marques qui aujourd'hui ont atteint des niveaux très élevés et demandent des investissements considérables", explique Patrizio Bertelli. De fait, lorsque cela a été possible, le groupe Prada est intervenu dans des opérations d'acquisitions minoritaires dans des petites entreprises, qui représentent souvent le travail d'une vie d'un artisan pour créer son propre savoir-faire. "Nous devons gratifier ces personnes, qui peuvent ainsi voir leur entreprise progresser alors qu'elles participent au développement du produit, en interne, dans un contexte plus large."

Une identité qui se décline aussi sur les lieux de travail " où nous passons le plus de temps de la journée, pour faire sentir aux travailleurs qu'ils participent à la marque. Dans les années 70 le concept de l'usine était dicté par la relation patron/employé, à cause de laquelle ont émergées des contestations justifiées. Cette relation aujourd'hui a changé et il y a une participation totale des personnes au travail", continue le numéro 1 de Prada.

Pour sortir de la crise, il est donc nécessaire de faire un effort collectif. "Ces dernières années nous avons fait tellement de chemin sur le Made in Italy, après avoir un temps pensé qu'il suffisait d'appliquer l'étiquette sur un produit sans penser au process tout entier", se souvient Patrizio Bertelli. Il y a des signaux positifs, même en provenance de la politique ces dernières années puisque le dirigeant souligne que le gouvernement "s'est intéressé plus à la mode, qui représente une part importante pour l'export et le PIB national. Le gouvernement peut aider sur les process de travail, mais pas sur ceux industriels".
 
Même le rapport avec les syndicats a changé. Par rapport aux mesures anti-covid " la commission interne, de concert avec les partenaires sociaux, a défini que l'entrée dans l'usine est permise avec un vaccin ou un test, payé par l'entreprise et réalisé une fois par semaine. Je comprends les objections sur la liberté individuelle, mais dans cette situation d'urgence il est nécessaire de mettre de côté les comportements individualistes et de garder le respect pour son prochain", affirme le dirigeant.
 
Sur les perspectives du secteur, Patrizio Bertelli a les idées claires. "Dans les prochaines 10/20 années, l'exigence de matériaux de qualité, d'avoir des choses plus premium augmentera et toutes les entreprises en bénéficieront, alors que les ménages voudront accéder à un mode de consommation différent". Au centre de ce phénomène, la Chine "où les jeunes utilisent la nouvelle technologie de manière 'excessive' et dans 3 à 4 années la "monnaie" n'existera plus, même sur les marchés les plus pauvres, parce que les gens paieront avec leur téléphone".
 
La famille est au coeur de l'univers Prada, révèle Patrizio Bertelli 'comme un précurseur commun avec ma femme Miuccia, qui vaut 60% du projet et moi 40%. Le Prada d'aujourd'hui est le fruit de notre inconscience. Ne jamais penser aux situations négatives mais toujours avoir une approche positive". A la question de savoir si l'entreprise dans le futur sera dirigée par leur fils, Lorenzo Bertelli répond "cela dépendra de lui", en dévoilant: "Lorenzo est le plus critique dans l'entreprise et il est beaucoup plus exigeant que moi. Nous avons un rapport presque d''adversaires'. Maintenant il est en train d'apprendre et de travailler pour atteindre ce rôle".
 
Précurseur du format retail, Prada a ouvert son premier monomarque en 1983. "Déjà en 2011, 80% du réseau était en monomarque, aujourd'hui nous en sommes à 90%. Le marché du wholesale a évolué et avoir des rapports avec les vendeurs est utile pour avoir des retours à l'extérieur de l'entreprise".
 
Pour finir, Bertelli confirme sa perplexité sur le fait de voir un jour un grand pôle italien du luxe. "Notre tentative avec Jil Sander et Helmut Lang a souffert d'avoir laissé trop d'autonomie dans la gestion, surtout sur certains aspects financiers et dans la distribution. En Italie, il n'est pas commun de former des conglomérats, à cause de comportements individualistes très répandus. Pour faire un groupe en Italie, il faut travailler sur une approche d'agrégation et non de dominance".
 

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