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20 janv. 2022
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Paris célèbre la créativité asiatique avec Issey Miyake, Sean Suen et Yohji Yamamoto

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20 janv. 2022

A côté du show-performance de Louis Vuitton, qui a dominé la troisième journée des défilés masculins parisiens, s’est distinguée aussi jeudi la veine créative de l’Extrême Orient, avec trois maisons reconnues, qui ont dévoilés trois collections importantes pour l’automne-hiver 2022-23: le Japonais Issey Miyake avec sa mode pratique et ludique, son compatriote Yohji Yamamoto dans un filon plus sombre et romantique et le Chinois Sean Suen, avec une collection introspective.

Issey Miyake, automne-hiver 2022-23 - DR


Simples, fonctionnels, élégants. Tels sont les vêtements d’Homme Plissé Issey Miyake, qui confirment une fois de plus cette saison leur praticité, s’adaptant à toutes les morphologies et aux rythmes effrénés du quotidien urbain. Lancée en 2013 dans un esprit plus moderne, urbain et sportif par rapport à la collection principale de la maison japonaise, cette ligne aux basiques intemporels, défile pendant la semaine masculine depuis juin 2019, et continue de séduire les hommes pour son grand confort.

Pour l’hiver prochain, l’équipe créative s’est inspirée des tentes et leurs formes arrondies et protectrices, qui une fois repliées prennent un minimum de place. Avec son célèbre tissu plissé, qui fait l’objet de continuelles recherches depuis plus de 30 ans, la maison propose notamment de nouvelles techniques pour renouveler la silhouette via une structure arquée, lui apportant une sensation de fluidité et de rondeur.

La collection se décline autour de pièces essentielles monochromes, quasiment toutes confectionnés dans ce tissu plissé (veste classique, manteaux et vestes trois-quarts amples à la forme ovale enveloppante, grand cardigan, t-shirts, tricots à col roulé, chemise, bermuda etc.) dans une palette vitaminée : bleu électrique, orange, moutarde, vert petit pois, rouille. Des modèles noirs illuminés par de grandes tâches colorées tie and dye font référence à la lueur "d’une lanterne brillant sous la tente".

Sean Suen, automne-hiver 2022-23 - DR


Changement de décor chez le Chinois Sean Suen, avec une collection intimiste tout en noir et blanc en quête d’un équilibre intérieur, après les bouleversements de ces deux dernières années. Les silhouettes longilignes composées de tuniques, longues jupes, manteaux amples à l’allure de robe, ont quelque chose de spirituel. Avec leur étrange bonnet à cordelettes, les mannequins font penser parfois à des moines. 
 
Le designer éponyme, qui a lancé sa marque au style minimaliste et aux coupes géométriques, à Pékin en 2012, et défile à Paris depuis 2016, poursuit son travail autour des textures en jouant sur les poids et les superpositions de tissus avec des laines peignées, des mohairs, des tricots travaillés au crochet. Mais il fait appel aussi au velours côtelé ou soyeux, et au cuir. Les strates enlacent douillettement le corps, coulant sur lui comme pour former une armure protectrice.

De grandes écharpes drapent les silhouettes, se nouent à la taille en pagne ou rehaussent un costume, portées en étole juste d’un côté. On retrouve l’asymétrie dans des pièces à col Mao. Des chemises, vestes, manteaux et tops en cuir inspirés de l’habit chinois traditionnel Qipao avec son boutonnage en biais sous l’épaule droite.
 

Yohji Yamamoto, automne-hiver 2022-23 - ph Takay


Yohji Yamamoto pratique lui aussi les superpositions, qui donnent une consistance au corps. Une certaine épaisseur et solidité se dégagent de ces stratification de vêtements un peu poussiéreux, sur lesquels semblent s’être sédimenté aussi le temps. Comme des nomades errants, avec leurs chaussures usées et leur sac en bandoulière, les mannequins enfilent en gigogne leurs longs manteaux noirs sur les vestes, les gilets, les chemises à cols multiples et jusqu’aux pantalons, qu'ils portent en double, l’un sur l’autre.

Avec leur mine blafarde, leurs cheveux en bataille, le foulard-cravate noué au cou à la Byron, ils font penser au héros du film de Tim Burton «Edward aux mains d’argent ». Cette attitude romantique XIXe siècle est accentuée par ces grandes chemises blanches à plastron, qui complètent cette garde-robe presque strictement noire. Un style d'antan souligné aussi par certaines matières utilisées pour tailler gilets, vestes et costumes, comme le velours, contaminé soudain par des broderies ou un imprimé animalier se fondant dans le tissu, ou bien déteint et flétri, comme s’il avait trop vécu.

Certains pantalons à pinces ou bouffants s’enfilent dans des chaussures montantes à lacet pour un look plus rock, composé de t-shirt, vestes, impers en nylon et d’étranges imprimés s’emparant, par pans, de vestes, chemises et manteaux. Sans oublier, bien sûr, les lunettes noires de star.

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