Publié le
26 juil. 2013
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Nicole Bricq: "L’Etat doit ouvrir des portes aux marques de mode"

Publié le
26 juil. 2013

La ministre du Commerce extérieur était en visite mercredi au siège de la Maison Leonard, sur invitation de son fondateur et président Daniel Tribouillard. Habillée en Paule Ka, la ministre a rencontré les petites mains des ateliers et découvert de l'intérieur l'héritage de la marque en présence de Nathalie Tribouillard-Chassaing, directrice générale de la société depuis deux ans.

De gauche à droite: Virginie Tribouillard-Bienvenu, Daniel Tribouillard, Nicole Bricq et Nathalie Tribouillard-Chassaing


FashionMag: Comment s’est passée votre rencontre avec Leonard et son fondateur, Daniel Tribouillard?
Nicole Bricq: Le Comité Colbert m’avait obligeamment conviée à un déjeuner pour faire le point avec les autorités. Monsieur Tribouillard s’est présenté à moi, m’a raconté rapidement son histoire de famille. Ce qui m’a renvoyée à mes propres souvenirs de jeunesse, dans lesquels Leonard divisait les familles par ses couleurs… et il semble que cela soit encore un peu le cas aujourd’hui. J’ai tenu à honorer l’invitation car c’est une manière de soutenir une maison de luxe familiale, indépendante, qui, contre vents et marées, fait de l’export [75% du chiffre d’affaires annuel provient du Japon, ndlr], ce qui est assez unique, et s’efforce de faire travailler toute une filière artisanale en amont, depuis l’impression sur jersey de soie jusqu’aux boutons.

FM: Quel statut accordent les pouvoirs publics au luxe en temps de crise?
NB: En temps de crise, la mode demeure un vecteur d’exportation formidable, même si l’on pense plus souvent aux grands navires amiraux, ces importants conglomérats qui sont aussi appréciés à l’étranger. L'Etat peut fournir une aide aux marques désireuses de s’exporter. Comme l’expliquait monsieur Tribouillard pendant notre visite des ateliers, les Chinois achètent beaucoup en France, mais Leonard semble avoir du mal à pénétrer ce marché à domicile. Le rôle des pouvoirs publics, dans ce cas précis, est d’exercer sa puissance régalienne en ouvrant des portes aux entreprises. Par exemple, avec la Corée, l’Union européenne a récemment signé un accord de libre-échange qui permet de faire baisser les droits de douanes sur des produits déjà chers. Un accord bénéfique à Léonard, puisque la maison est présente sur ce marché. Nous négocions régulièrement ce type d’accords avec des marchés porteurs pour la mode, notamment.

FM: De tels accords seraient-ils envisageables avec la Chine?

NB: Depuis son entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce, la Chine a pris plusieurs types d’engagements, qu'elle respecte plus ou moins depuis, du reste... L’heure d’un accord de libre-échange arrivera certainement pour la Chine. Cela permettra de lever les barrières douanières et d’identifier les obstacles non tarifaires, qui sont souvent les plus difficiles à vaincre. Par exemple, l’affaire des colorants que la Chine a prohibés, l’affaire du cognac ou encore de la mimolette aux Etats-Unis. Cela cache parfois des motifs de protectionnisme, et parfois de différences de propriété intellectuelle. Ce dernier sujet constituera une partie importante des négociations de notre accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com