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Mode et anorexie : le débat reste vif aux Etats-Unis

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5 févr. 2007

NEW YORK, 5 fév 2007 (AFP) - Les créateurs de mode américains ont redit lundi 5 février leur volonté de lutter contre la maigreur maladive des mannequins, sans toutefois édicter des règles, une position qui ne fait pas l'unanimité aux Etats-Unis où certains appellent à des mesures d'interdiction.


Un mannequin présente une création de Nanette Lepore, à New York, le 2 février 2007
Photo : AFP

Sous les tentes de la semaine des défilés de New York, le top model Natalia Vodianova, image des campagnes Calvin Klein et star des podiums, est venue, lors d'un débat, raconter son enfance dans une famille pauvre de Russie, où manger était une nécessité, puis son arrivée dans le milieu de la mode et la montée croissante des troubles alimentaires et des doutes sur son image.

"En 2002 j'ai commencé à défiler et j'ai senti la pression du secteur. Après la naissance de mon fils, je pesais encore moins qu'avant ma grossesse. je perdais mes cheveux, j'étais nerveuse, hypersensible et je ne m'en rendais pas compte! Il a fallu qu'un ami docteur me mette devant la réalité!"

"Comment, adolescentes, savoir ce qui est bien pour nous? Je vois chez certaines combien il est difficile de maintenir l'estime de soi", poursuit-elle, se félicitant des premières recommandations émises aux Etats-Unis.

L'assemblée était réunie par le Conseil des créateurs de mode d'Amérique (CFDA), qui vient d'émettre des recommandations alors que le débat sur la maigreur excessive des mannequins, et l'influence de ces images sur les jeunes, touche toutes les capitales de la mode, notamment depuis la mort d'un mannequin brésilien souffrant d'anorexie.

"Notre métier est de créer des images qui font rêver et il est important de promouvoir la santé comme faisant partie de la beauté", a insisté la présidente du CFDA, la créatrice Diane von Furstenberg.

Le CFDA compte organiser dès mars des séminaires pour informer les professionnels sur ces troubles. L'organisme suggère aussi d'interdire de défilés les moins de 16 ans et de s'interroger sur le choix de mannequins montrant des signes préoccupants.

Mais pas question de réguler: "Il doit y avoir des recommandations, pas d'obligations". Contrairement par exemple à Madrid, qui bannit les mannequins dont l'indice de masse corporelle est inférieur à 18 (18,5 étant l'indice à partir duquel l'OMS considère un individu sous son poids normal).

"Le problème va au-delà du seul poids ou de l'indice de masse corporelle", objecte Joy Bauer, nutritionniste, consultée par le CFDA. "Il y a la génétique, l'âge. Certaines peuvent avoir un faible indice et être en bonne santé. Et en plus cela peut accentuer l'anxiété et créer plus de problèmes, inciter à entreprendre des tactiques pour manipuler" la balance.

Du côté des créateurs, Donna Karan estime qu'il revient aux agences de mannequins de prendre soin de leurs protégées: "ce sont un peu leurs mères!"

"Il faut informer", estime la créatrice Tory Burch, qui croit cependant qu'"il sera difficile d'imposer, aux Etats-Unis, où la liberté de choix compte tant".

Dans la salle, certains grognent. Un représentant de l'Académie pour les troubles alimentaires insiste: pourquoi ne pas imposer un contrôle médical annuel à toutes?

Lynn Grefe, présidente de l'Association nationale sur les troubles alimentaires (Neda), se dit déçue: "Je ne comprends pas pourquoi ils sont opposés à des contrôles physiques".

"Faire juste des suggestions est un pansement sur une blessure bien plus vaste", estime son organisation. "Notre souci est, qui va suivre ces recommandations? Quelles sont les prochaines étapes?"

Le CFDA insiste: c'est "un premier pas". A New York, le sujet n'est en tout cas pas clos.

Une conseillère municipale démocrate, Gale Brewer, vient de présenter un projet de résolution visant à imposer une régulation sur l'âge et le poids des models. Un parlementaire, Jose Rivera, veut pour sa part créer un conseil consultatif au niveau de l'Etat chargé de fixer des normes dans l'emploi de mannequins et acteurs mineurs.

Par Catherine HOURS

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