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5 nov. 2015
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Maroc : la filière veut se structurer pour doubler sa taille

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5 nov. 2015

Depuis le 4 et jusqu'au 6 novembre, se tient à Marrakech le salon professionnel Maroc in Mode. Un rendez-vous organisé par l'Amith et rassemblant pour cette édition plus d'une centaine de fabricants d'habillement de la région, et attirant marques et donneurs d'ordre venant de l'ensemble du bassin euro-méditerranéen.

Maroc in Mode se déroule jusqu'au 6 novembre - Matthieu Guinebault/FashionMag


Quelque 1 500 professionnels ont répondu présent pour le rendez-vous, dont 350 donneurs d'ordres allemands, britanniques, français, italiens, espagnols, portugais, mais venant également de Russie, du Moyen-Orient et d'Afrique. De quoi confirmer une nouvelle fois le rôle clé du salon de l'Amith pour un secteur local aux fortes ambitions.

Le pays entend notamment profiter de taux de change bénéfiques, et d'une accélération de la demande sur le cycle court.

Fournisseur clef d'Inditex (Zara), le Maroc assiste ainsi à un renforcement des demandes de fast fashion et réassorts, qui passe progressivement de 25 à 35 % de l'activité de la filière locale. A cela s'ajoute l'émergence d'une consommation locale d'habillement pouvant atteindre les 9 milliards d'euros (100 milliards de dirhams) en 2025, propulsée par une classe moyenne en forte expansion.

« Le marché local du Maroc était encore il y a peu sous le radar des industriels du textile et de l'habillement », relève ainsi Mohamed Tazi, directeur de l'Amith. « Mais désormais, beaucoup d'entreprises investissent directement pour toucher le marché et y décrocher des parts. Et nous sommes aidés en cela par l'accord passé en début d'année entre les secteurs public et privé. »

L'Etat et la filière ont en effet signé un accord permettant notamment des aides au financement de l'outil de production. Outre 95 hectares mis à disposition de la filière, le Maroc s'est engagé à faciliter l'accès aux dispositifs d'aides, d'accompagner la formation de 100 000 profils professionnels et d'aider au développement de locomotives pour le secteur.  

Remédier à l'atrophie du secteur

De son côté, la filière entend mettre en place une structure cohérente autour de ses points forts. La constitution de trois écosystèmes a déjà été initié : la fast fashion, le denim et les productions industrielles de marques nationales. Et trois autres sont en projet, centrés sur la maille, le textile de maison et le textile à usage technique. Quelque 100 000 emplois et 7 milliards de dirhams supplémentaires pourraient être générés par ces structures.

« Nous voulons remédier à l'atrophie du secteur en renforçant ses maillons faibles par l'émergence et la montée en charge d'un amont industriel et d'un outil moderne, compétitif et performant », résume Mohamed Tazi. « Et nous voulons instaurer pour cela une compétition loyale et équitable au sein du marché domestique. On voit aujourd'hui un certain nombre de clusters et rassemblements qui montrent qu'il y a déjà une traduction dans les actes de cette aspiration des industriels. Si nos pronostics se réalisent, on pourrait doubler, voire tripler la taille du secteur dans les 10 prochaines années. Et assurer notre place de premier acteur du textile-habillement en Afrique, et deuxième de l'Euromed après qui vous savez. »

Le cas de la Turquie, car c'est d'elle qu'il s'agit, revient en effet très souvent dans les discussions entre professionnels locaux. Le pays profite en effet d'un accès douanier privilégié aux marchés de l'Union européenne. Un avantage de poids qui, alliée à la puissance de l'industrie turque du textile-habillement, fait du pays un concurrent de poids.

Signe qui ne trompe pas : deux organisateurs internationaux de salon textile ont installé l'an passé des rendez-vous à Istanbul. Une concurrence accrue pour le Maroc qui, comme la Tunisie, continue de miser sur la volonté des donneurs d'ordre de délaisser l'Asie au profit d'un sourcing de proximité.

Le Maroc était en 2014 le cinquième fournisseur de l'Union européenne en habillement, derrière la Chine, le Bangladesh, la Turquie et l'Inde, avec 2,3 milliards d'euros de biens (+10 %). Une croissance qui a cependant freiné côté habillement au 1er semestre 2015, avec une hausse de 1 % permettant au Cambodge, en forte croissance, de lui ravir la 5ème place. Côté textile, le pays était l'an passé le 18ème fournisseur de l'UE, avec 189 millions d'euros de matière (+10 %). Progression qui s'est accélérée sur la période janvier-juin 2015, avec 117 millions d'euros de biens (+17 %).

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