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Marguerite Capelle
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27 févr. 2018
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Marine Serre : le futurisme avec une âme

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Marguerite Capelle
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27 févr. 2018

Il a fallu cinq ans aux augustes sénateurs du principal jury du prix LVMH pour choisir un lauréat français, mais quand ils ont fini par y arriver, leur choix est apparu particulièrement judicieux.


Marine Serre automne-hiver 2018/19 - Dan Lecca


C’était en tout cas l’opinion d’une large majorité du public en sortant du dernier défilé de Marine Serre, la lauréate 2017 du prix le plus doté de la mode. Jeune femme minuscule mais pleine de détermination, Marine Serre a intitulé son défilé Manic Soul Machine ( la « machine frénétique de l’âme »), en référence notamment aux exigences sans fin que le système de la mode impose à tous les créateurs de talent.

Cette collection était spéciale à différends égards. Marine Serre a sous-titré plusieurs pièces avec l’inscription FutureWear et elle propose sans nul doute de nombreuses idées pour un style de vie moderne, des tenues de chasse revisitées aux vestes en jean ou vêtements d’équitation retaillés en « équipements de survie » urbains et stylés, avec une multitude de poches pour le portable, la bouteille d’eau, le porte-monnaie et le rouge à lèvres.

« Comment proposer des vêtements de plein air aujourd’hui : c’est une réponse à la vie quotidienne actuelle… Manic Soul Machine ? Cela décrit ce que j’ai vécu ces six derniers mois et probablement ce qu’est la mode aujourd’hui. Un univers frénétique dans lequel nous sommes tous des machines et où j’espère parvenir à préserver mon âme », a expliqué Marine Serre en coulisses avec beaucoup d’émotion, au milieu d’un groupe de mannequins en larmes.

Mais l’idée centrale, c’était en réalité ces justaucorps, leggings et tops en tissu stretch, dans un imprimé croissant de lune repris sur des boucles d’oreilles et des motifs agrandis – jusque sur l’invitation électronique, où figurait une fille en cagoule de ski à croissants de lune, battant des cils. L’ambiance générale était fonctionnelle – peut-être même un peu trop d’ailleurs –, mais avec une attitude sexy pleine de défi : les filles de Marine Serre vont au boulot avec panache.

« Je suis tournée vers l’avenir, mais avec des vêtements qu’on peut porter tous les jours », a-t-elle ajouté.


Marine Serre automne-hiver 2018/19 - Dan Lecca


Mais c’est lors des derniers passages qu’elle a présenté les pièces les plus réussies, avec des foulards en soie trouvés à Rouen et Marseille, recyclés avec inventivité. Elle a paré des combis de surf et des tops de sport avec toute une série d’écharpes colorées qui flottaient autour du corps : un chic hybride pour une Isadora Duncan d’aujourd’hui, fana de la salle de sport.

En plus de son premier prix de 300 000 euros, Marine Serre bénéficie aussi d’une année d’accompagnement de la part d’un cadre de chez LVMH. Dans son cas, il s’agit de la perspicace et énergique Sophie Brocart, première vice-présidente en charge des investissements dans les nouvelles entreprises de mode du groupe, qui a déjà joué de ses talents chez J.W. Anderson et Nicholas Kirkwood. Les chaussures créées par ce dernier – et notamment d’audacieuses bottines en soie moirée violette – ajoutaient au défilé ce qu’il fallait de soupçon de luxe décalé.

Tout comme les sacs foulards de soie en forme de ballon de football, curieusement en accord avec la rue du XIXe arrondissement où était présentée cette collection : juste en face, il y avait des graffitis représentant des portraits géants des stars d’une des meilleures équipes de football françaises, le Paris Saint-Germain, auréolées de gloire.

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