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Marie-Antoinette aux mains d'un chirurgien esthétique, une idée Castelbajac

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12 sept. 2010

PARIS, 11 sept 2010 (AFP) - Le couturier Jean-Charles de Castelbajac a soumis un portrait de Marie-Antoinette à un chirurgien esthétique en lui demandant de l'envisager comme une cliente lambda. Que lui proposerait-il comme retouches? Tout dépend si elle est française, américaine ou russe.

Les trois bustes de la reine de France guillotinée, retravaillés en fonction des demandes actuelles des clientes dans ces différentes régions du monde, trônent dans une galerie d'art parisienne depuis samedi, au sein de l'exposition "The tyranny of beauty".

Ces modèles en plâtre armé blanc, perruqués et maquillés par des artisans connus du monde de la mode, ont nécessité plus de trois mois de travail, confie le créateur à l'AFP, en jean, veste et cravate noires.

La version reliftée de Marie-Antoinette à la française permet largement de reconnaître l'Autrichienne. Le double menton disparaît, les joues sont légèrement creusées, les yeux à peine retouchés. Le nez et la bouche sont intacts. "C'est la plus proche de l'original", souligne M. de Castelbajac.

La version américaine touche au nez, qui devient plus droit, "surtout pas en trompette", les lèvres sont botoxées, les pommettes soulignées. Et l'option russe est quasi méconnaissable. "Cette cliente accepte beaucoup plus de modifications", note l'artiste : les pommettes sont exagérées et la bouche encore plus épaisse.

Le buste de Marie-Antoinette trônait déjà chez la mère de Jean-Charles de Castelbajac, se souvient le couturier pour qui elle représente "le summum de la sophistication française".

Quand il est allé voir le Dr Marc Divaris, chirurgien plastique renommé, il s'est mis dans la peau de la reine pour demander "comment ce visage pourrait être modifié pour incarner notre époque".

Un travail de photos puis sur argile a suivi, avant le résultat final en trois versions.

"C'est une forme d'archéologie pop", s'amuse le créateur. "Désincarner Marie-Antoinette pour en faire une femme du XXIe siècle".

La reine guillotinée est une sorte "d'Anna Wintour bicentenaire", dit-il faisant allusion à l'influente rédactrice en chef du Vogue américain. Comme elle, Marie-Antoinette est "une femme au coeur de toutes les tendances, découvreuse de talents et prescriptrice de mode".

Ce détournement permet surtout de s'interroger sur la beauté aujourd'hui, sa "tyrannie, son diktat", mais aussi d'"incarner une préoccupation sur l'authenticité, sur le sens".

Actuellement, on assiste à l'écriture d'une autre forme de beauté, estime le créateur. "La beauté nous recaptive quand elle est proche d'une monstruosité", affirme-t-il, citant les icônes Lady Gaga ou Beth Ditto, deux chanteuses américaines atypiques dont les tenues font couler beaucoup d'encre.

M. de Castelbajac, dont les collections défilent à Paris pendant la Semaine de la mode, aime naviguer entre mode et art, deux univers qui se nourrissent l'un l'autre. "Je m'amuse infiniment dans les deux éléments", confie-t-il, soulignant que "la mode répond à des questions, sur la séduction, sur la fonctionnalité, quand l'art en pose".

Exposition à la galerie La BANK, 43 rue Volta à Paris, jusqu'au 23 octobre.

Par Gersende RAMBOURG

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