Ludique et cosmique : le premier défilé masculin de Loewe

Auteur :

Godfrey Deeny

Publié le
19 janv. 2019

On a vu arriver plusieurs nouveaux joueurs au cours des dernières Fashion Weeks ; le premier défilé masculin de Loewe était à la fois ludique et cosmique, tout en restant extrêmement désirable et commercial.

Jusqu'à ce week-end, Jonathan Anderson, directeur créatif de Loewe, se contentait de dévoiler ses collections masculines au cours de présentations élégantes, au siège de la maison sur la place Saint-Sulpice.

Cette saison, le créateur irlandais a opté pour un véritable défilé au siège de l'Unesco à Paris, où il a déjà l'habitude d'organiser ses défilés de prêt-à-porter féminin pour la marque espagnole. Jonathan Anderson a cette fois choisi une caverne en béton, dans une pièce dont le point central était une immense suspension orange conçue par l'artiste allemand Franz Erhard Walther. L'ensemble de l'espace, de la moquette au plafond, était décliné sur une palette d'orange éteint, tandis que divers morceaux de vestes et de pantalons suspendus sur l'installation se répétaient dans la collection elle-même, comme des pans de sur-vêtements.

C'était d'ailleurs l'idée la plus farfelue du créateur : des guêtres de cow-boys dignes d'un gaucho argentin, entourées par des fermetures Eclair (ouvertes à l'arrière) qui ondulaient avec grâce. D'autres pantalons auraient pu appartenir à des pêcheurs du Nord, une idée déjà développée dans le défilé de prêt-à-porter masculin de la ligne signature de Jonathan Anderson, organisé dans l'ancien studio du chef de clan surréaliste André Breton plus tôt dans la semaine.

« On étudiait les pêcheurs et le début des années 1980. Comment choisir un objet fétiche et le défétichiser », expliquait le créateur dans les coulisses noires de monde après le défilé.

À n'en pas douter, Jonathan Anderson adore subvertir les codes traditionnels  - d'énormes trench-coats contrastés, finis par des franges comme des écharpes ; des ponchos crochetés un peu absurdes ; ou une chemise en soie imprimée à l'effigie colorée de Marilyn Monroe assortie aux guêtres mentionnées plus haut ; ou mieux encore, de sublimes pulls torsadés incrustés de pierres semi-précieuses pour ressembler « à la galaxie », selon les propres mots du designer.
 
L'idée étant que n'importe quel admirateur pourrait aller dans un flagship Loewe, s'offrir l'un des pulls et acquérir immédiatement un peu de de mode conceptuelle signée Jonathan Anderson.

Jonathan Anderson s'est même permis de reprendre un costume du prêt-à-porter féminin de la maison espagnole, le transformant subtilement pour adapter sa coupe à l'homme. Si on ajoute de sublimes vestes en peau lainée avec des poches plaquées en daim et des détails en trompe-l'œil, on obtient une collection efficace, mais aussi radicale et très pointue.

Sous la direction de Jonathan Anderson, Loewe s'est développée en une entreprise importante, dont le chiffre d'affaires devrait dépasser le demi-milliard d'euros cette année. Et la tendance n'est pas près de s'arrêter si l'on prend en compte le fait que Loewe ne dispose encore que de 140 magasins et points de vente. Prochaine étape, l'ouverture d'un flagship sur New Bond Street à Londres. La semaine dernière, Loewe s'est également aventurée dans le secteur des vêtements d'extérieur, avec une boutique éphémère spéciale à Soho, à destination d'une clientèle plus jeune et plus pointue.