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Lucie Carrasco, styliste et tétraplégique, à la poursuite de son "rêve américain"

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25 juil. 2013

LOS ANGELES (Californie), 25 juil 2013 (AFP) - Après treize ans d'efforts pour tenter de vivre de sa "passion" dans sa France natale, la créatrice de mode tétraplégique Lucie Carrasco a choisi de s'installer à Los Angeles pour fuir la "discrimination" et vivre son rêve américain, avec une série de défilés à travers les Etats-Unis.

Lucie Carrasco, le 24 juillet 2013 à Beverly Hills, en Californie. Photot AFP- Robyn Beck.

Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Lucie Carrasco a dessiné des robes. "J'ai retrouvé des dessins d'avant mes quatre ans", déclare-t-elle à l'AFP, quelques heures avant son premier défilé de haute couture aux Etats-Unis, sur le toit d'un hôtel de luxe à Beverly Hills.

Pour la jeune femme, qui fêtait mercredi ses 32 ans -- "deux fois 16 ans", corrige-t-elle --, ce défilé est le premier acte professionnel du "rêve américain" qu'elle vit depuis le printemps et son installation à Hollywood.

Volontaire en diable, frêle mais déterminée, la jeune femme originaire de Vénissieux a choisi de franchir le pas après avoir bataillé en vain pour vivre de son métier en France.

Treize ans d'efforts pendant lesquels elle n'a pas chômé: elle fait défiler une brochette d'humoristes français, multiplie les défilés à Cannes et Paris, et publie une autobiographie en 2010 ("Plus forte que la maladie", Flammarion).

"J'ai fait de mon mieux. J'ai réussi un peu d'un point de vue médiatique, ce sont de belles expériences, mais ça ne fait pas manger", explique-t-elle.

"Et je ne voulais plus dépendre de l'allocation adulte handicapé. Or j'en dépends parce que je ne peux pas vivre de ma passion et de mon métier", poursuit-elle.

Retoquée par toutes les écoles de mode en raison de son handicap, elle a appris seule, en autodidacte. "Le handicap est un vrai problème en France, il y a une réelle discrimination et c'était une entrave à ma créativité et à mon désir de vie, tout simplement", dit-elle.

Elle atterrit la première fois à Los Angeles en 2010, "pour réaliser mon rêve de voir Hollywood. Je pensais que ce ne serait qu'un voyage, mais dès le lendemain je me suis dit 'OK, je peux vivre ici'. Et quelques jours plus tard, c'était 'Je veux vivre ici !'."

Pour elle, l'une des grandes différences entre la France et les Etats-Unis est l'accessibilité pour les personnes handicapées.

"Ici, j'ai découvert que c'est possible d'avoir des rampes partout, des voitures accessibles, de pouvoir rentrer à l'heure qu'on veut sans devoir prévoir un taxi pour handicapés qui finit à 23H00", explique-t-elle. "On n'est pas obligé, comme en France, de rester devant un magasin parce qu'il n'y a pas de rampe, que personne n'a envie de vous aider et qu'on fait semblant de ne pas vous voir".

A Los Angeles, elle espère enfin pouvoir créer sa marque et développer la mode qu'elle aime, pour les femmes qu'elle aime. Grâce à une jeune marque de joaillerie française, Lo and Lo, qui l'accompagne financièrement dans l'aventure, Lucie Carrasco va faire le tour des Etats-Unis et organiser des défilés à New York, Washington, Miami, Chicago, Philadelphie, Seattle et San Francisco.

A chaque étape, son association "Roule Toujours" organisera des rencontres et des activités avec des associations locales, pas nécessairement pour handicapés.

"On me dit souvent 'Ah, tu vas soutenir les personnes comme toi!' Eh bien non, pas forcément, parce qu'il n'y a personne comme moi. Chacun a sa façon de penser et sa personnalité", observe-t-elle.

Elle compte plutôt faire des défilés dans les hôpitaux, pour les adolescents cloués au lit, "qui n'ont que la télé ou des clowns qui viennent pour essayer de les faire marrer. Et à 13, 14 ans, ce n'est pas très drôle".

Sa collection évoluera au fil de ses voyages, au gré de ses inspirations et de ses rencontres, mais pour son premier défilé à Beverly Hills, elle a joué à fond la carte glamour.

"L'inspiration c'est le tapis rouge", dit-elle. "Hollywood, Marilyn et les stars d'aujourd'hui: Scarlett Johansson, Eva Longoria, Jessica Alba... Toujours des filles avec des formes. La Barbie, c'est pas mon truc".Par Romain RAYNALDY

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