Par
AFP-Relaxnews
Publié le
4 oct. 2021
Temps de lecture
6 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Liya Kebede : "Les générations qui viennent après nous arrivent dans un monde beaucoup plus équitable"

Par
AFP-Relaxnews
Publié le
4 oct. 2021

Après une année d'absence, le plus grand défilé du monde, orchestré par L'Oréal Paris, a fait son grand retour à Paris, dimanche, sur le parvis des droits de l'Homme - rebaptisé pour l'occasion "parvis des droits de L'Homme et de la Femme". Un symbole pour le géant des cosmétiques qui accompagne les femmes depuis des décennies et prône de nombreuses valeurs dont l'inclusion et l'affirmation de soi. Liya Kebede, porte-parole de la marque, a participé à ce nouveau défilé spectaculaire face à la Dame de fer. La créatrice, mannequin, et activiste, se confie sur cet événement, et sur les nombreuses valeurs qu'elle partage avec L'Oréal Paris. Rencontre avant le show.


AFP


Après des mois de crise sanitaire, sans presque aucun défilé, comment abordez-vous ce nouveau show avec L'Oréal Paris ?

Liya Kebede: Ca fait vraiment plaisir d'être ici parce que tout le monde m'avait manqué en fait, je crois même que tout le monde avait manqué à tout le monde. Se retrouver est un pur plaisir. J'ai vu des gens que je n'avais pas vus depuis deux ans, c'est extraordinaire. 

Ça fait tout juste 10 ans que vous avez intégré la famille L'Oréal Paris. Quelles sont les valeurs de la marque qui vous tiennent le plus à cœur?

Le simple fait d'être là depuis 10 ans, c'est une valeur qui dit beaucoup de choses en termes d'accompagnement dans toute mon évolution de femme. On change beaucoup en 10 ans, mais L'Oréal Paris arrive toujours à célébrer cette femme qui a 10 ans de plus, c'est assez extraordinaire. Mais la marque a toujours su célébrer toutes les beautés, toutes les femmes. Le casting a toujours été assez divers, et aujourd'hui il l'est encore plus, et la marque est très engagée en matière de féminisme, de droits de la femme, de harcèlement dans la rue. Tout ce qui touche à la femme en fait. Et il y a en plus pour la première fois une femme présidente... Tout ça est assez extraordinaire.

L'inclusion est une valeur que défend L'Oréal Paris. Est-ce que les lignes sont vraiment en train de bouger, ou est-ce qu'il y a encore beaucoup à faire?

Je pense que les lignes ont beaucoup bougé, même si ce n'est pas fini. Je crois que les générations qui viennent après nous arrivent dans un monde qui est beaucoup plus équitable. Elles auront encore du travail à faire, mais je crois que le plus gros du travail est en train de se faire, et ça c'est super. Je crois que les femmes ont vraiment gagné leur voix. Je ne suis pas une grande fan des réseaux sociaux, mais ils ont un pouvoir positif car ils donnent une voix à tout le monde. Et ça, ça nous oblige à être conscients de tout ce qu'il se passe autour de nous, et ça c'est super.

Est-ce que ce sont les marques ou les utilisateurs qui font bouger les choses grâce aux réseaux sociaux?

Je crois que les gens contribuent beaucoup à faire changer les choses. C'est la démocratisation induite par les réseaux sociaux qui a fait évoluer ce monde dans lequel on vit aujourd'hui. Bien évidemment, les marques suivent et s'engagent de façon assez exceptionnelle, comme L'Oréal Paris, mais c'est bien aussi de pouvoir entendre les gens parler de ce qu'il se passe autour d'eux. Sans les réseaux sociaux, ça ne serait pas forcément arrivé.

A vos débuts en tant que mannequin, il y avait peu, voire pas, de mannequins rondes ou de mannequins noires sur les podiums. Pensez-vous que ce sera la norme d'ici les dix prochaines années? 

C'est une question difficile, car je me pose justement la question. Est-ce qu'il s'agit d'une tendance, est-ce que ça va durer ? Je ne sais pas. J'espère forcément qu'il ne s'agit pas juste d'une phase, mais je n'ai pas la réponse.

Pensez-vous qu'il s'agit davantage de communication plus que d'un réel engagement de la part de certaines marques?

Je crois qu'il y a les deux. Certaines marques sont vraiment engagées et ça se voit, et d'autres font de la communication. Dans le futur, nous allons voir celles qui restent engagées, et celles qui ne le seront plus. Nous allons forcément passer par là. Et peut-être, je l'espère, que celles qui ont pris des engagements seront une majorité pour pouvoir vraiment changer les choses. Dans tous les cas, les choses ont changé, on ne peut le nier, et certains de ces changements vont d'une manière ou d'une autre durer. 

Dans la mode, l'inclusion passe aussi par davantage de créateurs noirs qui contribuent à faire rayonner la mode africaine dans le monde. Depuis le lancement de Lemlem en 2007, y a-t-il eu un vrai changement?

Le changement a eu lieu, mais il se fait très doucement. Peut-être qu'il y a eu plus de mouvements ces deux dernières années, mais, encore une fois, nous allons voir ce qui s'inscrira dans le temps et ce qui ne durera pas. En revanche, ce qui me plait c'est ce qu'il se passe en Afrique, car il y a beaucoup de mouvements, d'engagement, de créateurs, de gens qui produisent là-bas, et surtout de personnes qui adhèrent, qui adoptent beaucoup plus leur culture, et ça c'est génial. Il y a beaucoup plus d'Africains qui portent des vêtements africains, des créateurs africains, et c'est très important. Aux Etats-Unis, il y a eu de grands changements et de soutiens depuis 'Black Lives Matter', mais il faut voir ce qu'il va se passer sur la longévité. Il est vraiment important que ce ne soit pas juste une tendance, il faut mettre des institutions et des règles en place pour soutenir de vrais changements.

Aujourd'hui de nombreux créateurs veulent surtout faire connaître et perdurer l'artisanat et le savoir-faire africains dans la mode. N'est-ce pas encore plus important? 

Bien sûr, c'est pour ça que j'ai lancé Lemlem. L'objectif était de préserver l'art du tissage, de l'artisanat, mais aussi d'employer des gens car on veut leur donner leur indépendance. C'est une solution beaucoup plus durable qu'une aide financière car on donne vraiment une chance aux gens d'être indépendants, de s'occuper de leur famille, de pouvoir envoyer leurs enfants à l'école, et de casser ce cercle vicieux de pauvreté. Pour moi, c'est très important.

Vous allez défiler avec L'Oréal Paris sur le parvis des droits de l'Homme, et pour l'occasion de la Femme. Qu'est-ce que cela représente? 

Je trouve ça incroyable, même si c'est éphémère. On est bien dans notre temps. Quand on voit toutes les égéries qui sont ici, toutes engagées, c'est vraiment exceptionnel. Je découvre à chaque fois des femmes qui font des choses incroyables. Il y a un sens à leur vie, à ce qu'elles font, et même si c'est drôle de se retrouver sur un podium, on sait qu'on représente toutes quelque chose de plus fort.

Pouvez-vous nous dire ce que vous allez porter?

J'ai choisi un pantalon et un débardeur. J'ai trouvé ça cool, relax, car c'est une tenue que je pourrais mettre très souvent. Je me sens bien, forte, décontractée, quand je la porte. Je cherche toujours quelque chose qui me fait me sentir bien dans ma peau, et ce look remplit cette mission à la perfection.

A quelques heures du show, quelles sont vos appréhensions?

J'ai des appréhensions car il pleut et il y a aussi beaucoup de vent. Je suis un peu inquiète, et j'espère que ça va se calmer, mais sinon tout va bien.

ETX Daily Up
 

Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 AFP-Relaxnews.