Lin : la filière fait son état des lieux

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
20 oct. 2016

Du 18 au 20 octobre, la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC) tenait à Madrid son troisième congrès international. L'occasion pour producteurs européens et transformateurs indiens, chinois ou japonnais de mener un état des lieux de la filière. Et d'appeler les différentes fédérations nationales à un échange accru des chiffres relatifs au secteur.

C'est notamment l'appel de Hubert Brisset, Fédération Syndicale du Teillage Agricole du lin (Festa) et de Frédéric Douchy, responsable de la section commerce de la confédération, face aux 250 professionnels réunis pour l'occasion. Rassemblement destiné à offrir aux professionnels une vision d'ensemble du marché, mais également du contexte commercial et sociétal actuel et de l'ensemble de l'agriculture.

La journée d'ouverture fut notamment l'occasion de découvrir un graphique tentant de tracer le cheminement international du lin, de sa culture jusqu'à la vente. Un outil qui souligne que sur les 123 050 millions de tonnes de fibres longues produites en Europe l'an passé, 119 300 ont pris la direction des filateurs chinois (contre 15 000 pour l'Europe et 6 000 pour l'Inde). La Chine absorbe par ailleurs 7 000 des 23 400 tonnes produites hors-Europe. Des fils fabriqués, dont 87 500 iront ensuite aux fabricants textile chinois, contre 31 800 repartant ensuite à l'international : 20 000 tonnes en direction de l'Inde, 10 000 vers l'Europe, et 1 800 vers le Japon. 

Si les données manquent ensuite sur le cheminement de ce lin tissé, il n'en est pas de même pour la distribution. Ainsi, les Etats-Unis représenteraient 40 % des ventes, contre 30 % pour l'Europe. L'Inde atteint pour sa part les 15 % de parts de marché, devant le Japon avec 7 %, la Chine affichant un niveau de 3-5 %.

"Nous ne voyons pas venir de croissance aux Etats-Unis", indique Frédéric Douchy. "La consommation au Japon est en revanche amenée à augmenter fortement. Ainsi que l'Inde, qui a connu ce dernières années la croissance la plus forte" explique le responsable qui pointe cependant que "la Chine est toujours un marché jeune pour le lin", évoquant des campagnes de promotion très agressives dans le pays.

"Il n'y a plus de consommateur naïf", pour le président de la CELC, Bart Depourcq. "Répondre aux interrogations et attentes des consommateurs est de notre responsabilité", a-t-il expliqué, invitant les professionnels de tous pays à d'avantages échanger sur leurs activités. "Une nouvelle route de la fibre s'ouvre. Arpentons-là ensemble".

L'Europe concentre quelque 80 % du lin mondial sur une bande Caen-Amsterdam. Dont 80 % produits en France, 15 % en Belgique et 5 % aux Pays-Bas. Une filière qui a produit 134 000 tonnes en 2015 via 5 000 producteurs, et génère 12 000 directs et indirects.