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7 juil. 2010
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Les pays émergents, avenir de la haute couture ?

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Reuters
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7 juil. 2010


Jean-Jacques Picart
La crise n'a pas tué la haute couture, qui reprend des couleurs grâce aux clients de pays émergents comme l'Inde et la Chine, estime Jean-Jacques Picart consultant mode et luxe auprès du groupe LVMH.

Après Dior lundi 5 juillet, Armani et Chanel mardi 6 juillet, puis Gaultier et Valentino mercredi 7 juillet présenteront leurs collections haute couture automne-hiver 2010-2011, ce que le monde sait faire de mieux en matière de savoir-faire couturier.

Mille fois donnée moribonde, notamment après le départ de Christian Lacroix l'an dernier, la couture reste vivante grâce aux efforts des grandes maisons qui y voient des retombées en terme d'image et de créativité, et aux quelques centaines de clientes prêtes à dépenser des dizaines de milliers d'euros pour une robe.

Naguère originaires des Etats-Unis ou du Moyen-Orient, ces dernières viennent désormais souvent de Russie, de Chine ou d'Inde, comme on pouvait le constater lundi dans le public de Dior. "Les pays émergents constituent un très joli potentiel pour la couture", a déclaré Jean-Jacques Picart à Reuters en marge de ce défilé, déroulé sur le thème de la tulipe dans les jardins du musée Rodin. "Dans ces pays les fortunes ont besoin de reconnaissance, d'un statut, et la haute couture est le meilleur moyen, avec la joaillerie, d'exprimer tout de suite, sans ouvrir la bouche, qu'on appartient à une catégorie très privilégiée", a-t-il expliqué. "Et dans nos métiers du luxe, on a besoin de ces privilégiés qui font travailler nos ateliers, nos brodeurs, nos plumassiers."

L'EXPRESSION D'UN ART

Non retable, la couture "ne peut être considérée comme une activité commerciale à part entière mais, de plus en plus, comme l'expression d'un art", estime-t-il.
C'est en grande partie grâce à la vente de produits dérivés - lunettes, sacs, maquillage, parfum - que les maisons de couture ont résisté à la crise et réussi à maintenir un service de haute couture.

Florissante après-guerre, cette activité s'est réduite comme peau de chagrin au fil des ans et ne concerne désormais plus qu'une poignée de grandes marques, pour qui l'organisation d'un défilé de haute couture reste moins cher et plus valorisant pour leur image qu'une campagne de publicité.

"C'est une activité de plus en plus fragile, de plus en plus précieuse, de plus en plus chère à maintenir", dit Jean-Jacques Picart. "En France, avec le système de charges sociales, d'heures supplémentaires, cette activité de grand luxe devient de plus en plus luxueuse. Donc, seules les maisons très riches vont pouvoir la maintenir comme une exception car la haute couture est une exception pour des gens exceptionnels". Et le consultant de rappeler qu'une "vraie grande maison c'est: un rez-de-chaussée pour accueillir les clientes, un premier étage pour faire ses essayages et sous les toits, des ouvrières".

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