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Le pouvoir d'achat des Français rogné en 2012

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27 mars 2013

PARIS, le 27 mars 2013 (AFP) - Dans ses comptes nationaux trimestriels publiés mercredi, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estime que le pouvoir d'achat a baissé de 0,8% au quatrième trimestre 2012, et de 0,4% sur l'année.
Il s'agit du "premier recul depuis 1984", quand il avait fléchi de 1,1%, précise l'Insee.

Photo Par Mychele Daniau - AFP/AFP/Archives


Mesuré par unité de consommation, ce qui permet de le ramener à un niveau individuel, le pouvoir d'achat des Français s'est replié de 1% en 2012, un record depuis 1984 même si ce n'est pas sa première baisse, puisque déjà en 2011, le pouvoir d'achat individuel s'était replié de 0,1%.

"Il existe un certain nombre de freins", explique à l'AFP Jean-François Ouvrard, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee. Le chômage d'une part qui n'en finit plus d'augmenter, mais aussi "les salaires qui ne sont pas très dynamiques", précise-t-il.

"La deuxième chose, c'est que le gouvernement met en oeuvre des hausses d'impôts pour redresser les finances publiques et ces hausses d'impôt freinent la progression du revenu des ménages", ajoute Jean-François Ouvrard.

L'effet est particulièrement visible au quatrième trimestre 2012, moment où ces hausses d'impôts se sont traduites en chèques rédigés à l'ordre du fisc. En cause: la contribution exceptionnelle sur la fortune et les réévaluations liées au gel du barème de l'impôt sur le revenu (qui entraîne son augmentation générale).

"Au second semestre de 2012, alors que nous étions dans une situation de stagnation économique, le gouvernement a pris des décisions de ponctions fiscale et sociale d'une ampleur inégalée et c'est ce qui se traduit mécaniquement dans les chiffres", commente pour l'AFP Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS.

"La politique que nous suivons est au contraire une politique qui a permis de garder un niveau soutenu de consommation, nous nous efforçons, nous nous efforcerons de préserver le pouvoir d'achat des classes moyennes et des catégories populaires", a dit le ministre de l'Economie Pierre Moscovici mercredi en marge d'une conférence de presse.

La fin de l'exonération des heures supplémentaires et l'augmentation des cotisations sociales à la charge des salariés au quatrième trimestre (+2,0% contre +0,7% au trimestre précédent) sont également montrées du doigt par l'Insee.

Concrètement, la baisse de pouvoir d'achat se traduit par "un léger recul de la consommation en 2012" (-0,1%), affirme Jean-François Ouvrard, même si celle-ci se maintient car les Français puisent dans leur épargne.
Le moral des ménages français s'en ressent en conséquence: en mars, ceux-ci n'ont jamais été aussi pessimistes sur le niveau de vie futur en France.

Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee envisage néanmoins un rebond de 0,6% du pouvoir d'achat au premier trimestre 2013, puis un léger repli de 0,1% au deuxième trimestre.

Parallèlement à la chute historique du pouvoir d'achat, il se confirme que la France a connu une année de croissance zéro en 2012, avec trois trimestres négatifs sur quatre, puisque le PIB s'est légèrement amélioré (+0,2%) à l'été. Le dernier trimestre a cependant montré une chute franche de 0,3% du PIB.

"On sait très bien que la France est en récession même si techniquement le terme n'est pas utilisé, on sait que l'économie française stagne", s'agace Elie Cohen. Pour lui, "la seule question qui se pose, c'est: est-ce que l'effort violent qui a été fait en 2012 d'ajustement des comptes publics permet de remettre la France sur une trajectoire de croissance? Et la réponse est non".

Le gouvernement sera fixé vendredi sur le déficit et la dette de la France en 2012 et saura, au vu des chiffres de l'Insee, s'il a atteint son objectif de ramener le déficit public de 5,2% fin 2011 à 4,5% fin 2012, comme il s'y est engagé auprès de ses partenaires européens.

L'estimation d'un PIB en baisse au quatrième trimestre 2012 augure mal d'une reprise en 2013, comme le gouvernement l'espérait. L'acquis de croissance pour 2013 est en effet négatif (-0,2%), ce qui signifie que si la croissance est nulle à chaque trimestre 2013, le PIB se repliera de 0,2% sur l'ensemble de l'année.

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