Ferragamo automne-hiver 2012/2013. Photo PixelFormula

Rien ne semble arrêter la progression des ventes de produits de luxe dans le monde, qui se poursuit cette année avec un taux de croissance de 6 à 7% à taux de change constant, après une hausse de 10% l’an dernier. Selon un rapport publié à Milan par l’observatoire Altagamma, fondation réunissant les grands noms du luxe italiens, et par le cabinet Bain&Company, le marché mondial du luxe devrait passer de 191 milliards d’euros en 2011 à plus de 200 milliards en 2012 en dépit de l’instabilité socio-économique.

"Tous les marchés progressent de manière significative hormis l’Italie, l’Espagne et le Japon. L’Italie est particulièrement fragile, mais ses grandes villes touristiques telles Rome, Venise, Florence et Milan bénéficient d’un important flux d’acheteurs étrangers", indique Armando Branchini, secrétaire général de la Fondation Altagamma.

Avec une hausse prévue à 18-22% pour 2012, la Chine reste la locomotive de cette envolée de consommation de biens de luxe dans le monde. "Même si l’on voit déjà un ralentissement dans les plus grandes villes chinoises, en raison de la hausse des prix dans l’immobilier et du fort turn-over du personnel, ce marché continuera d’offrir un énorme potentiel de croissance dans les prochaines années. Les Chinois représentent 20% de la consommation totale de luxe dans le monde et l’ensemble de l’Asie plus de 50%", souligne Claudia D’Arpizio, partenaire de Bain&Company, qui considère par ailleurs l’Inde, avec une croissance de 15-20% attendue pour cette année, comme "la plus grande opportunité de débouchés pour les griffes du luxe dans les dix prochaines années".

Pour Claudia D’Arpizio, le Sud-Est asiatique, avec ses 600 millions d’habitants, est l’une des trois régions à plus fort potentiel pour le luxe dans un futur proche, avec Singapour comme tête de pont pour accélérer la pénétration des marques vers d’autres marchés tels l’Indonésie ou le Vietnam. La Turquie pourrait jouer le même rôle de "hub" en Eurasie centrale, permettant aux marques de se développer dans cette autre région à fort potentiel longtemps fermée aux produits occidentaux, tandis que l’Afrique s’affiche comme la troisième zone la plus intéressante. "En particulier l’Afrique du Sud, qui compte 71 000 millionnaires comme en Russie", note Claudia D’Arpizio.

Le rapport souligne par ailleurs la forte reprise du segment du luxe absolu, qui "a enregistré de bien meilleurs résultats par rapport au marché". "Ce segment s’était réduit à une niche dans les marchés mûrs et avait poussé de nombreuses griffes à élargir leur offre en descendant de gamme avec de nouvelles catégories de produits. Désormais, le luxe absolu a de nouveau le vent en poupe grâce aux pays émergents, comptant de très nombreux millionnaires qui dépensent beaucoup plus qu’avant", analyse Claudia D’Arpizio. Selon le consensus 2012 de Altagamma, l’Ebitda (résultat brut d’exploitation) du secteur du luxe devrait progresser de 10% cette année.