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9 janv. 2020
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Le festin artisto-gargantuesque de Telfar au Pitti Uomo

Publié le
9 janv. 2020

D'habitude le petit monde de la mode est ultra-chouchouté. Aux quelques happy few de la fashion sphère sont réservés les soirées et dîners les plus exclusifs... Jeudi, à Florence, Clemens Telfar a changé les règles du jeu. Pour son show-événement au Pitti Uomo, il a convié presse et acheteurs à la fin de la fête ! On n’en attendait pas moins de la part du designer afro-américain parfaitement en ligne avec Telfar, son label inclassable et anti-mode.


L'une des mannequins artistes au défilé-banquet de Telfar - ph Dominique Muret


La veille au soir, le créateur avait pris d'assaut le Palazzo Corsini, somptueux palais baroque se dressant sur les berges de l'Arno, avec sa famille et ses copains, dont le designer Shayne Oliver, le comédien Jeremy O Harris, le DJ Total Freedom ou encore l’artiste Boychild, pour y donner une fiesta mémorable. Entre banquet pantagruélique et performances musicales, la soirée s'est achevée tard dans la nuit. Heureusement, tout ce petit monde a pu dormir sur place sur des lits disposés dans l'un des salons.

Le défilé s'est déroulé le lendemain... dans un décor de lendemain de fête. Des pétales de rose flottent dans une baignoire d’époque. Au centre de la salle principale, une scène improvisée avec des instruments de musique est encerclée par une immense table. Au loin, les lits défaits. La table fait office de podium avec sa longue nappe blanche tachée de vin et jonchée de restes et de couverts sales. Quelques os du festin traînent ici et là tout comme des bouteilles vides, sans oublier les mets en voie de décomposition dans leurs grands plats d'argent.

Les mannequins zigzaguent au milieu des déchets et des candélabres aux bougies consumées. Certains titubent, épuisés par leur folle nuit. D’autres amorcent quelques pas de danse ou vont rejoindre les musiciens sur la petite scène pour les accompagner de leur voix superbe. Ils endossent les dernières créations du designer, qui s’est inspiré notamment pour sa collection automne-hiver 2020/21 du Quattrocento toscan et de tableaux d'époque.

Une collection avec "une touche romantique", confie Clemens Telfar en backstage. Aux côtés des ensembles over en denim et des nombreuses mailles torsadées, déclinées dans des robes-tricot ou des grands chandails logotés comme des sweaters, le créateur ose des pantalons à rayures noués au-dessus du genou comme les culottes XVIIe siècle, des tops lavallière en coton, des jambières évasées façon disco… en tricot torsadé ou en nylon-doudoune, des hauts ajourés et froncés, des top tuniques au col lacé à l’esprit médiéval.


Un modèle signé Telfar pour l'hiver prochain - ph Dominique Muret


Parmi les pièces les plus intéressantes, beaucoup de vêtements street proposés dans des versions hybrides : la doudoune/sweat-shirt, le blouson en cuir, dont le haut est tricoté dans une grosse laine, le pantalon décomposé en trois parties et matières distinctes : jean, maille et cuir. Le nylon impalpable a la part belle aussi dans des pantalons et vestes froncés et coulissés pour créer des volumes inattendus. Les manteaux sont gonflés comme des armures. Telfar sait aussi séduire avec des produits ultra-désirables comme ces maxi bottes en cuir et de nombreux modèles plus commerciaux qu’à l’habitude.

Le styliste est descendu avec son équipe en Toscane, juste après le défilé qu’il a organisé à Paris en septembre dernier à la Cigale : "Nous sommes allés directement dans les usines et sommes restés ici quatre mois ! Les tissus que nous utilisons sont le velours, le cuir, la maille torsadée. Ce sont tous des tissus italiens", raconte-t-il enthousiaste, heureux de s’être offert ce "rêve toscan".

Distribué par Slam Jam, le label new-yorkais compte 80 clients multimarques dans le monde, l’Europe étant son premier marché, suivie par l’Asie et les États-Unis.

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