Publié le
26 janv. 2023
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Le dentellier Jean Bracq creuse son sillon dans la lingerie

Publié le
26 janv. 2023

Historiquement tourné vers la couture, le prêt-à-porter et les robes de mariée, le dentellier Jean Bracq a vu en une décennie la lingerie passer de 5 à 30% de son activité. Un marché plus stable pour le dentellier, qui a dernièrement offert un nouveau bâtiment à ses machines modernisées, auxquelles l'entreprise ne veut plus soumettre que des matériaux responsables ou recyclés.


Jean Bracq


Exit les trois bâtiments historiques, très énergivores, de Jean Bracq. A l'occasion d'une crise sanitaire qui fortement freiné son activité, l'entreprise a opéré le transfert de sa trentaine de machines vers une nouvelle unité de 2.000 mètres carrés installée sur le site historique. Un bâtiment ultramoderne, bien isolé et climatisé, avec un contrôle hydrométrique régulant l'humidité nécessaire à la production des dentelles.

Sous ce nouveau toit, une trentaine de métiers Leavers, machines qui ne sont à ce jour plus produites, et que l'entreprise a entrepris de remettre à niveau. "Il y avait des pouces à remplacer sur les machines, mais il est aussi possible d'y introduire de l'électronique à différents niveaux, comme les casse-fils", explique à FashionNetwork.com le dirigeant de l'entreprise, Julien Bracq. Un CEO par ailleurs fier d'avoir à disposition quatre machine de tulle "bobin" ouvrant des marchés spécifiques, comme les bases de broderie ou doublure pour la lingerie. Sans oublier les trois dernières machines de "dentelle de Lyon" (17 tonnes l'unité) à opérer en France.

Fort de ces équipements rares, et parfois centenaires, l'entreprise ne transige pas sur la qualité, bien qu'elle opère simultanément pour la couture et des marques plus accessible. "Nous n'avons pas en tête de faire deux gammes, mais uniquement de la dentelle tissée haut de gamme", explique le dirigeant. "On ne va pas aller chercher des prix sur des fils qui, sur l'ensemble d'une dentelle, représente 5,10 ou 15% du prix".

Une approche qui vaut également pour la lingerie, qui n'était pas au départ une évidence pour Jean Bracq, dont la spécificité est la dentelle rigide. Un élément qui ne serait plus désormais rédhibitoire, auprès des marques, qui trouvent à présent dans cette rigidité ancestrale de meilleurs contrastes et relief pour leur corseterie et lingerie. Une lingerie dans laquelle l'entreprise trouve une valeur refuge.


Créations automne-hiver 2022/2023 - Jean Bracq


 "La lingerie est un marché plus dur à mettre en place, mais aussi beaucoup plus stable", explique le CEO. "On a une grande fidélité des clients lingerie, plus que dans le prêt-à-porter ou le luxe, où tout dépend si vous êtes sollicités d'une saison à l'autre. C'est pour cela que l'on investit beaucoup dans la création, avec des matières et couleurs spécifiques à la lingerie".

Une stabilité relative mais bienvenue après un lourd tribut payé aux années Covid. Après des pics à 6-7 millions d'euros entre 2016 et 2018, le chiffre d'affaires est désormais réduit de moitié. L'export, qui représente 80% de l'activité, a été durement marqué par un recul des productions destinées à Russie, Chine et Europe de l'Est, mais également Moyen-Orient. L'effectif, qui fut de 65 salariés, a été ramené à 45 personnes, en partie via des départs non remplacés. A l'heure où d'anciens salariés commencent à être réintégrés, l'entreprise déploie des formations en interne en prévision des départs en retraite de ses tenants du savoir-faire maison.

En parallèle, l'entreprise mise sur la responsabilité sociale et environnementale pour continuer d'attirer les commandes de grandes maisons et petites marques. "Tous nos cotons sont certifiés Gots, tous les polyamides sont certifiés recyclés GRS, tous les rayonnes en cellulose de bois sont FSC (sauvegarde des forêts, ndlr)…" liste Julien Bracq. " On voit que nous allons de plus en plus vers du sur-mesure pour nos clients. Cela vaut aussi pour les marques généralistes qui se rendent compte qu'il y a une demande de premium, que ce soit dans l'habillement ou la lingerie".


Jean Bracq


 Jean Bracq entend désormais reconquérir certains marchés, en s'appuyant sur l'évolution de la demande, et les attentes croissantes des clients en termes de qualité et durabilité. Face à la concurrence des jaquartronics, textronic et autres dentelles issues de procédés modernes, Julien Bracq a une certitude: "le premium reprend progressivement sa place !"
 
 

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com