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Le Quartier rouge d'Amsterdam fait peau neuve et se lance dans la mode

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19 janv. 2008

AMSTERDAM, 19 jan 2008 (AFP) - Une vingtaine de couturiers néerlandais ont présenté leurs collections samedi 19 janvier au coeur du Quartier rouge, principal lieu de prostitution à Amsterdam, où ils ont établi leurs ateliers dans d'anciennes cabines de passe, contribuant au nettoyage que la municipalité y a entrepris.


Une vingtaine de couturiers néerlandais ont présenté leurs collections le 19 janvier au coeur du Quartier rouge d'Amsterdam - Photo : Olaf Kraak/AFP

Cohue, brouhaha, musique tonitruante et mannequins en tenues extravagantes - rien ne distingue cette fièvre de celle qui accompagne tous les défilés.

Pourtant celui-ci a lieu le long d'un des plus anciens canaux du centre d'Amsterdam, où s'exerce le plus vieux métier du monde. Il doit refléter le nouveau visage que la municipalité, lasse d'y voir régner le crime et la pègre, veut donner à ce quartier.

Armée de nouvelles lois permettant de fermer les établissement sur lesquels pèse un soupçon de criminalité, sans devoir attendre de décision sur le fond du dossier, la municipalité y a racheté l'année dernière 55 immeubles, en fait des bordels, à un ancien baron de la prostitution.

"Lors d'une visite de travail des autorités municipales dans le quartier en avril dernier, j'ai lancé: +Pourquoi n'y mettez-vous pas des couturiers ?+", explique Mariëtte Hoitink, directrice de HTNK, une agence de promotion de la mode établie là.

Quelques mois plus tard, la ville lui renvoie la balle en lui demandant de trouver 20 créateurs intéressés, ce qui donne naissance au projet "Red Light Fashion Amsterdam".

"Les candidats ne manquent pas ! J'aurais pu y mettre des étudiants ou des jeunes en difficulté, mais j'ai choisi d'y mettre des talents confirmés. Contrairement à l'idée reçue, qu'ils soient reconnus n'implique pas qu'ils sont riches. Leur travail coûte cher, et ils sont heureux de trouver ici un espace abordable pour exposer, travailler et vivre", explique Mme Hoitink.

Le contraste est saisissant: la succession monotone le long du canal des "vitrines", ces alcôves sur rue où les prostituées vêtues de lingerie criarde étalent leurs charmes, est désormais rompue par des vitrines où ces dames ont cédé la place à des mannequins aux vêtements sophistiqués et aux accessoires les plus tendance.


Une vingtaine de couturiers néerlandais ont présenté leurs collections le 19 janvier au coeur du Quartier rouge d'Amsterdam - Photo : Olaf Kraak/AFP

Les vitrines sont léchées, l'éclairage est recherché. Le décor intrigue et attire le regard. Anne James ouvre la vitrine derrière laquelle il n'y a pas longtemps deux prostituées aguichaient encore le client. Elle se faufile entre les créations bigarrées de Daryl van Wouw, qui y sont à présent exposées. Suit un escalier sombre et, à l'étage, deux chambres aux couleurs ternes. Dans chacune il y a un lavabo et, sous un miroir, un lit lugubre scellé dans le mur, une planche comme sommier.

"Nous comptons les utiliser comme table pour la machine à coudre", dit Anne, "car nous ne pouvons pas les enlever".

Si le projet échoue, les lits sommaires pourraient retrouver leur ancienne fonction.

C'est que "Red Light Fashion Amsterdam" doit d'abord prouver sa réussite. Les créateurs ont un an pour redynamiser le quartier et y attirer une "nouvelle clientèle, pour une économie de qualité", comme l'exprime l'adjoint au maire Lodewijk Asscher.

"Nous ne voulons plus de trafic de femmes, de criminalité. Nous voulons à nouveau être fiers des Wallen (le nom néerlandais du quartier, ndlr), que les habitants de la ville y retournent et qu'ils attirent un nouveau public", affirme M. Asscher.

Bientôt les créateurs auront une arme supplémentaire pour réussir: au numéro 121 s'ouvrira d'ici quelques semaines un espace de vente commun, où les créations des vitrines seront commercialisées.

Par Gerald de HEMPTINNE

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