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Marguerite Capelle
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24 sept. 2019
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La marée noire de Marine Serre en ouverture de la Fashion Week

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Marguerite Capelle
Publié le
24 sept. 2019

Peu de créateurs ont une vision aussi apocalyptique que Marine Serre, qui a intitulé son dernier défilé « Marée noire » et l’a présenté sur un talus humide, dans l’hippodrome d’Auteuil.


Marine Serre - Printemps-été 20 - © PixelFormula


Les dieux de la météo étaient en phase avec sa vision sombre, présentée un mardi frisquet, première journée entière de défilés pour la Fashion Week de Paris, qui durera huit jours. Une bruine continue s'abattait sur les 600 spectateurs, chacun équipés d’un petit parapluie noir bon marché (avec l’imprimé signature demi-lune de Marine Serre en guise de finition).

C’était la deuxième collection consécutive de Marine Serre à puiser son inspiration dans l’apocalypse : pour son défilé de la saison dernière, la créatrice avait convié ses fans dans une cave géante aux parois de craie.

Cette saison, le podium était en PVC noir, et nous étions blottis sous nos pépins tandis qu’apparaissaient les premiers mannequins. Marine Serre aime les castings décalés, et a fait défiler quelques anciennes de légende – comme la super top belge Elise Crombez. Il y avait même une fille enceinte, ainsi que deux chiens.

Quel que soit l’holocauste environnemental qui s’annonce, les survivantes de Marine Serre auront l’air parfaitement chic, même si elles se diviseront en quatre tribus concurrentes.

La créatrice a en effet imaginé quatre communautés : la première tout de noir vêtue, avec des uniformes moirés, des pantalons de motard embossés et des impers en plastique – premiers looks recyclés d’une longue série – qui sont une obsession chez Marine Serre. Une combi-pantalon en néoprène portée par une top pleine de souplesse était accessoirisées avec des bottines lacées SM et un masque sur le visage. Une autre nana en salopette noire tenait en laisse un berger allemand noir un peu excité.


Marine Serre - Printemps / Eté 2020- Paris - Photo: Fashion Network/ Godfrey Deeny


Ensuite, un contingent tout en rouge : une communauté du désert vêtue de robes-djellabas en néoprène, et quelques manteaux parfaitement coupés qui, bizarrement pour le thème, semblaient plus adaptés à un thé au Ritz qu’à Burning Man. Mais après tout, il n’y a rien de mal à prendre un peu de liberté artistique !

Pour des moments plus distingués, après le déluge, un troisième clan de recycleuses – dentelle up-cyclée, anciens draps, nuisettes et linge de lit réinventés en robes en crochet, et plusieurs magnifiques robes longues et blanches. Tandis que le quatrième gang clôturait le défilé (ainsi défini par la créatrice : « des tailleurs pour femmes dures en affaire, fabriqués à partir de serviettes ») avec quelques splendides robes aux matériaux mixtes, en microfibre ajustée, sur des tops arborant des mini sacs enroulés autour des biceps.

En résumé, la vision était peut-être déprimante, mais les vêtements avaient énormément d’allant.

« Ma vision de l’apocalypse, c’est une marée noire. Et on n’en est pas loin. Guerres climatiques, vagues de chaleur et extinctions de masse ! » expliquait la minuscule  créatrice, qui a les tripes pour compenser les centimètres qui lui manquent.
 

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