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La haute couture du 21e siècle, entre niche et globalisation

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9 juil. 2009

PARIS, 9 juil 2009 (AFP) - La haute couture, activité réputée déficitaire, assure aux géants mondiaux du luxe comme Chanel ou Dior une vitrine incomparable pour leur prêt-à-porter, parfums et accessoires plus rentables, mais les autres griffes doivent trouver de nouvelles niches pour perdurer.

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Chanel défilé haute couture hiver 2009 - Photo : Pixel Formula

"Il faut accepter l'idée que la haute couture représente aujourd'hui la partie supérieure du prêt-à-porter", explique à l'AFP Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture, en marge des défilés de mode qui se sont achevés mercredi à Paris.

Un point de vue qui ne fait pas l'unanimité dans le monde du luxe qui a vu le nombre de maisons de haute couture fondre depuis la guerre: d'une centaine en 1945 à 11 aujourd'hui. Et encore, les critères du label ont été assouplis depuis 2001. Entre temps, le prêt-à-porter est passé par là.

De fait, hormis les "historiques" Chanel, Dior et Givenchy, créées en 1909, 1946 et 1952, les huit autres sont beaucoup plus récentes comme Jean Paul Gaultier (1977), Christian Lacroix (1987) ou Anne-Valérie Hash (2001).

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Christian Dior défilé haute couture hiver 2009 - Photo : Pixel Formula

Pour Floriane de Saint-Pierre, PDG du cabinet éponyme de recrutement dans la mode, "il ne peut pas y avoir un seul modèle économique à partir du moment où il y a des maisons qui ont plus de 60 ans et donc plus de chances d'avoir acquis un statut de marque que celles qui sont plus récentes et ont un statut de niche".

"Si on devait trouver un fil rouge entre ces deux réalités économiques si différentes c'est le mot excellence, faire avancer via une esthétique propre la recherche concernant le vêtement", dit-elle.

Pour Chanel, la haute couture est bien vivante. Elle est non seulement "très importante pour l'image de la maison" mais les commandes sont là avec "une année record" en 2008, explique Bruno Pavlosky, président de la division mode de la griffe.

Sidney Toledano, PDG de Christian Dior couture, croit lui aussi en l'avenir de la haute couture mais "l'économie et la gestion des entreprises permettent de donner aux créateurs les moyens d'aller plus loin". "Cela ne se fait pas dans une chambre. A moins de le faire comme un petit artisan", dit-il aussi.

Pourquoi pas, "si cela prend l'allure d'un artisanat de grand luxe comme Hermès ou Louis Vuitton à leurs débuts", lui répond le consultant Jean-Jacques Picart. "Il faut juste trouver une rentabilité adaptée à celle de la rareté. Il faut aussi trouver un financier culotté qui ait envie d'investir dans un modèle qui n'existe pas encore", juge-t-il en référence à la situation de Lacroix, à la recherche d'un repreneur depuis son placement en redressement judiciaire.

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Christian Lacroix défilé haute couture hiver 2009 - Photo : Pixel Formula

Christian Lacroix justement imagine bien une suite à sa maison "avec une couture qui soit aussi légère que celle qu'on fait aujourd'hui, un prêt-à-porter qui ne cherche pas à se diffuser tout de suite à travers le monde". "On n'a pas besoin d'avoir 36 boutiques tout de suite", ajoute-t-il.

Anne-Valérie Hash a opté pour un modèle économique très modeste. Sa griffe, labellisée haute couture fin 2007, compte 14 salariés. Pas de ligne accessoire ni de parfum mais de la couture "pour l'image et le prestige" - elle n'est pas reproduite --, et deux lignes prêt-à-porter (luxe et plus accessible) "qui se vendent".

La griffe qui n'a pas de boutique en nom propre compte 150 points de vente dans le monde. 90% du chiffre d'affaires est réalisé à l'exportation.

"On avance doucement mais sûrement. Ce qui compte demain c'est d'exister", conclut la jeune femme qui n'a pas défilé cette saison pour cause de crise, un moment "salvateur pour se poser les bonnes questions".

Par Dominique AGEORGES

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