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La filière Mode et Luxe signe son programme triennal

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8 janv. 2019

« La France n'a pas les Gafa, mais elle a les géants du luxe. Je suis fier que notre pays abrite les géants du luxe mondial. Quand on peut se réjouir des succès d'une entreprise française, des ouvriers qui sont derrière, du chef d'entreprise qui l'anime, des créateurs, des savoir-faire, n'hésitons pas ! » Ce 8 janvier, dans l'amphithéâtre de l'Institut Français de la Mode à Paris, Bruno Le Maire, a affiché son enthousiasme vis-à-vis du secteur du luxe et de la mode hexagonal.

Le ministre de l’Economie et Frank Riester, son homologue du ministère de la Culture, ont signé avec le Conseil Stratégique de Filière (CSF) Mode et Luxe le « Contrat Stratégique de filière ». Présenté devant une assemblée réunissant les dirigeants de grands groupes et fédérations, le document fixe les objectifs et axes de développement du secteur pour les trois ans à venir, de la formation à la traçabilité, en passant par l'accompagnement de la croissance des entreprises.


Bruno le Maire s'exprimant avec, à sa droite, Guillaume de Seynes, président du comité stratégique de la filière, et le ministre de la Culture, Franck Riester - Matthieu Guinebault/FNW


Le document est notamment l’occasion pour la filière de rappeler son poids : 154 milliards d’euros de chiffre d’affaires direct, soit 3,1 % du PIB, plus que les industries de l’aéronautique ou de l’automobile. Le luxe représente lui 35,7 milliards d’euros à l’export, tandis que les six Fashion Weeks parisiennes génèrent 1,2 milliard de retombées économiques. Deuxième marché de consommation de France, la mode pèse avec le luxe 600 000 emplois directs et un million d’emplois indirects, et repose sur un réseau de 26 000 points de ventes, auxquels s’ajoutent 5 000 points de vente de bijouterie/joaillerie.

« Le luxe français, c'est pour moi, en tant que ministre de l'Economie, un motif de fierté permanent », a poursuivi lors de la signature Bruno Le Maire. « Ce sont des entreprises qui ont su se renouveler sans cesse, sont conquérantes, font rayonner le savoir-faire français partout sur la planète. (...) Nous resterons le géant mondial du luxe si nous restons un géant mondial de la culture. »

Guillaume de Seynes, qui préside le CSF, a lui insisté sur les échanges entre les différents acteurs de la mode, qu'il s'agisse des marques ou des industriels, de la maroquinerie et de la bijouterie.

« Nous avons essayé de mettre en place des projets autour de quatre grands thèmes : emploi, formation, sous-traitance, traçabilité et recyclage. Nous proposons des actions concrètes dont on peut mesurer les réalisations sur l’activité d’un certain nombre d’acteurs du secteur, tels que les sous-traitants ou les marques ayant un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros », explique à FashionNetwork Guillaume de Seynes, qui est aussi dirigeant d'Hermès. « Ces actions renforceront, non pas les grandes marques qui sont dans une dynamique très forte, mais l’ensemble du tissu industriel et la vitalité de la jeune création. Sur un sujet comme celui du recyclage, ces actions pourront aider les entreprises à esquisser , collectivement, des pistes qui sont compliquées à trouver seules. »

Un contrat en six actions 

Le contrat identifie six enjeux attendant la filière. Les nouvelles technologies, tout d’abord, qui bouleversent chaque étape de la filière, de la conception à la vente, en passant par la production. Le rayonnement international, ensuite, avec Paris au cœur du dispositif. Arrive ensuite la formation, les capacités de productions industrielles, ainsi que l’accompagnement des entreprises et notamment des jeunes marques. Le sixième défi n’est autre que le développement durable, la traçabilité et l’éthique.


François Bachy (Cité de la Mode et du Design), Dominique Jacomet (IFM), Guillaume de Seynes (Hermès, Comité Stratégique de filière), Eric Lombard (Casse des Dépôts), Sydney Toledano (LVMH) et Franck Riester (ministre de la Culture) - Matthieu Guinebault/FNW


La seconde partie du document porte de son côté sur les six axes structurants sur lesquels le CSF prévoit d’opérer dans les années à venir. Le premier axe porte sur les formations techniques et la promotion des métiers de la filière, avec à la clef des aides au recrutement et à la transmission de savoir-faire. L’axe suivant est la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche, via la création d’une grande école internationale, une concertation accrue des établissements via la Cesum (Conférence des école supérieures de mode), et une politique de recherche 4.0. De son côté, le troisième axe porte sur la compétitivité des PME sous-traitantes et la modernisation de ces dernières, avec un appui apporté sur les investissements nécessaires.

Le financement et l’accompagnement des entreprises constituent le quatrième axe, qui inclut la création d’une chaire IFM/Université de Lille et la création d’un accélérateur pour marques émergentes et entreprises sous-traitantes. Une production autour de laquelle le cinquième axe porte, sur la création d’un dispositif de traçabilité, dont la préparation débutera cette année pour mise sur orbite par la filière en 2021. Le sixième et dernier axe entend se dédier à l’économie circulaire et au recyclage textile, avec le lancement à l’été 2019 d’un prototypage de recyclage du coton de vêtements usagés, ainsi que la production du premier fil français de polyester recyclé, via un démonstrateur, en 2023.

Des axes forts, dont certains contours sont encore en finalisation, qui ont pour ambition de permettre de renforcer la compétitivité et la pérennité des acteurs français dans la concurrence mondiale.

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