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La fermeture annoncée de la librairie parisienne La Hune suscite l'émoi

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18 févr. 2015

L'annonce de la vente prochaine de la librairie La Hune, un des derniers bastions de la littérature dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, a semé l'émoi parmi les amoureux des lettres, sensibles à tout changement dans le paysage rive gauche.

Intérieur de la librairie La Hune, à Paris - Flammarion


Le propriétaire de cette librairie emblématique, le groupe Madrigall, né du rachat de Flammarion par Gallimard en 2012, a indiqué mercredi que La Hune, galerie-librairie fondée en 1944 par Bernard Gheerbrant, serai cédée courant 2015 à une société d'édition qui compte y « maintenir une activité de librairie-galerie ».

« Je suis en deuil. Si même la maison Gallimard ferme des librairies qui va en ouvrir ? » s'est exclamé l'écrivain Frédéric Beigbeder, fervent germanopratin. Le sujet est sensible dans ce quartier de Paris haut lieu de la littérature française après guerre qui a hébergé de nombreux éditeurs et écrivains, mais a vu peu à peu ses librairies céder la place à des magasins de prêt à porter de luxe depuis les années 1980.

Flammarion, propriétaire de La Hune depuis près de 40 ans, a tenu à rassurer en indiquant que « le projet des repreneurs est de maintenir une activité de librairie-galerie, en conservant notamment le nom "La Hune" et de développer un projet culturel unique en son genre ». Si Flammarion reste silencieux sur le racheteur, le nom de la chaîne de ventes de photographies Yellow Corner est sur toutes les bouches.

« La librairie restera en place et continuera à s'appeler La Hune », a confirmé le maire du 6e arrondissement de Paris Jean-Pierre Lecoq. Ces nouveaux actionnaires « garderont ce qui marche, c'est-à-dire la vente de beaux livres, et y ajouteront la vente de photos haut de gamme », ajoute-t-il. De toute façon, les murs de la librairie appartiennent à la Mairie de Paris qui oeuvre ainsi à « maintenir l'activité du livre » dans ce quartier, explique Jean-Pierre Lecoq. Elle garantit notamment que le prix des loyers reste tolérable pour les petits commerces.

Un sujet de thèse

En 2012, La Hune avait déménagé à deux pas de son ancien emplacement mais dans des locaux plus vastes qui abritaient auparavant une boutique Dior qui avait elle même délogé une autre institution culturelle : la librairie Le Divan.

La disparition de la librairie Le Divan et l'ouverture en 1998 d'une boutique Armani à la place de l'ancien drugstore, place Saint-Germain-des-Prés, avaient provoqué l'ire des défenseurs de l'âme du quartier, bien en peine de batailler contre la hausse des prix de l'immobilier de ce quartier très prisé, notamment des étrangers.

Et la défense de la spécificité de ce quartier inquiète bien au delà des limites de l'arrondissement, le chanteur Alain Souchon y a consacré la chanson « Rive Gauche », et la dévitalisation intellectuelle du quartier est même devenue un sujet de thèse pour les urbanistes.

Face à l'annonce du changement de propriétaire de la Hune, Monique Mouroux, déléguée du Comité de défense de Saint-Germain, reste toutefois pragmatique : « Si c'est un projet culturel et qu'il y a des livres, ça reste tolérable. »

Frédéric Beigbeder rappelle cependant qu'une librairie n'est pas qu'un commerce où on achète des livres : « Ce sont des lieux de rencontre, de sociabilité, d'échange, ce ne sont pas des endroits anodins. »

Les nouveaux propriétaires de La Hune ont donc un grand défi à relever car ils doivent continuer à faire vivre l'esprit de Saint-Germain comme on le trouve encore chez Lipp, aux Deux magots ou au café de Flore. Des établissements qui eux ont jusqu'ici résisté à la vague du luxe. 

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