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Marguerite Capelle
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28 sept. 2019
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La complainte "No Future" de Yohji Yamamoto

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Marguerite Capelle
Publié le
28 sept. 2019

L’un des plus grands poètes de la mode, Yohji Yamamoto, a présenté sa dernière collection vendredi soir à Paris. Le créateur était d’humeur lyrique mais sombre, avec une réflexion sur l’avenir de notre planète.


Yohji Yamamoto - Printemps-été 2020 - Prêt-à-porter féminin - Paris - © PixelFormula


Comme beaucoup de gens dans la mode, Yamamoto s’inquiète pour la planète terre, et cette inquiétude a donné naissance à l’une de ses collections les plus mémorables depuis plusieurs années.

On entendait presque les gens prendre une profonde inspiration à l’entrée du tout premier top : une Eliza Doolittle post-apocalyptique dans une robe au drapé remarquable, entortillée et froissée. Une splendide orpheline contemplant l’avenir qu’on lui a volé : comme Greta Thunberg le disait. C’était la première des cinq silhouettes frappantes qui ont ouvert le bal, défilant sous des chapeaux géants fendus et ondulants, avec des robes de guingois, en noir intégral, et toutes assez magnifiques.

Des robes sophistiquées, super arty mais néanmoins plausibles dominaient – toutes restaient moderne grâce à la formidable collection de tennis montantes, bottines de boxe et fausses bottes de chantier qui complétaient chaque look.

Pour le soir, Yohji-san a proposé une dizaine de robes spectaculaires, parachevées par des broderies abstraites et erratiques couleur argent, composées de perles de rocaille et sequins mélangés à de la jade. Irréelles et évocatrices. Quatre d’entre elles étaient des fourreaux en lin à découpes – les mannequins défilaient avec une fierté immense, manifestement amoureuses de leurs vêtements. Elles émergeaient d’un gigantesque dais en coton de 15 mètres de haut, installé dans le Salon d’Honneur du Grand Palais.
 

Yohji Yamamoto - Printemps-été 2020 - Prêt-à-porter féminin- Paris - © PixelFormula


La bande-son avait été imaginée par le créateur lui-même : du jazz bluesy, avec Yohji fredonnant de sombres complaintes. Il est venu saluer sous un tonnerre d’applaudissements, se courbant profondément avant de faire volte-face pour dévoiler les mots "No Future" au dos de son manteau de sergé noir.

« Pourquoi "no future" ? Parce que pour les gens qui ont 20 ans aujourd’hui, il n’y a plus d’avenir, dans la mesure où nous sommes en train de détruire la planète où nous vivons. On ne peut plus le nier ! » soupirait Yamamoto en coulisses, entre deux bouffées de cigarette.

Bernard Arnault trouve peut-être Greta trop pessimiste, mais manifestement pas Yohji.

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