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La "Haute Coiffure" ou le rêve éveillé de Charlie Le Mindu, fêlé du cheveu

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AFP
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23 janv. 2013

PARIS, 23 jan 2013 (AFP) - Les cheveux sont sa "matière fétiche", il les dresse en casques à écailles, gigantesques corolles ou drapés sculpturaux, jaillis de son joyeux imaginaire teinté de culture underground: avec sa "Haute Coiffure", Charlie Le Mindu, 26 ans, a conquis la planète, Lady Gaga en tête.

Charlie Le Mindu, à droite, avec un mannequin avant un défilé de "haute coiffure" à Paris, le 21 janvier 2013. Photo : AFP.

Lundi 21 janvier au soir à Paris, en marge de la semaine de la Haute Couture dans une boutique branchée du Marais, il a ravi un public hétéroclite venu très nombreux découvrir la dernière collection de cet enfant terrible de la mode, qui a grandi à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, et choisi Londres pour donner libre cours à sa création.

Baptisée "Metal Queen", cette collection est un hommage à la chanteuse canadienne de metal et de jazz, Lee Aaron, et comprend onze modèles, tous noir et blanc, plus étonnants les uns que les autres: assemblages de coiffes et de perruques élancées, étirées, sculptées, portées sur des robes fourreaux et des bustiers ornés de tresses, de franges soyeuses ou de cascades de mèches.

Au son d'une musique électro-punk, des créatures longilignes et sensuelles défilent vêtues aussi de plastrons en nattes sur leurs poitrines dénudées, un univers à mi-chemin entre la movida du réalisateur espagnol Pedro Almodovar, les films fantastiques de Jean Cocteau et les parures tribales les plus originelles.

"Cinq cents heures de travail pour une pièce en moyenne mais le principe est simple, c'est comme pour la Haute Couture: je mets toute ma passion au service d'une création faite en cheveux, quelle qu'elle soit", explique à l'AFP le jeune homme, mince, de petite taille, au regard rieur balayé par deux paupières tatouées des mots "gipsy" et "king".

Un clin dil à son père, "tzigane, nomade et rugbyman", dit-il, en observant ses mannequins perchés sur de hauts talons, qui apprivoisent le sol de la boutique de création RA avant le défilé. Sa mère? "Elle est surtout fan de chirurgie plastique", répond-il, interrogé sur celle dont la musique - "Patti Smith, les Pink Floyd, Iron Maiden" - a bercé son enfance.

"Le bon goût du mauvais goût"

Cheveux courts gominés et vêtu de noir, Charlie retrace modestement un parcours exceptionnel qu'il semble avoir suivi sans efforts, se fiant seulement à son intuition: faire ce qu'il aime.

"Les cheveux (humains) c'est ma matière fétiche. C'est facile à travailler", explique-t-il.

C'est sur la bourgeoisie bordelaise que Charlie a fait ses armes à 13 ans dans un "salon de grand-mère". "Je faisais des mises en plis, du classique, mais je me suis vite ennuyé", raconte l'artiste. Ce qui l'inspire, dit-il, ce sont celles qu'il nomme "les femmes de pouvoir: Nina Hagen, Grace Jones, Rossy de Palma".

A 17 ans, il part pour Berlin "sans parler allemand, ni anglais, et sans argent". Attiré par sa culture underground, il côtoie le milieu de la nuit et commence à couper les cheveux dans les clubs qu'il fréquente, lançant le concept du "salon pop up".

"Je m'amusais bien mais c'était dur d'être créatif là-bas", commente-t-il. Il décide alors de tenter sa chance à Londres. Son premier défilé a lieu en 2009. Le succès est immédiat. L'icône et chanteuse Lady Gaga fait appel à lui, première d'une longue série de célébrités. Aujourd'hui Charlie a un studio dans l'est de la capitale britannique où il travaille avec une dizaine de personnes et un salon chez Harrods.

"C'est le bon goût du mauvais goût que j'aime ici, il est drôle, il m'inspire. La beauté c'est d'abord une question de bien-être intérieur", dit-il.

"C'est un génie, il est créatif, innovant, talentueux!", s'exclame son ami et figure newyorkaise de la mode André J, mannequin noir transsexuel barbu aux longs cheveux venu défiler pour lui à Paris.

Par Sandra LACUT

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