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14 janv. 2021
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L'économie allemande limite la casse malgré une récession historique

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14 janv. 2021

Touchée mais pas coulée: l'économie allemande a connu en 2020 sa pire année depuis la crise financière de 2009, à cause de la pandémie de Covid-19, mais limite les dégâts grâce au rebond du secteur industriel, laissant espérer une reprise «nette et tangible» pour les prochains mois.


Une rue de Munich aux commerces et restaurants fermés - AFP



Le produit intérieur brut de l'Allemagne a chuté de 5%, plongeant le pays dans une «profonde récession», a constaté jeudi l'institut de statistique Destatis, lors de la présentation de données provisoires. Ce plongeon de la première économie de la zone euro est historique: depuis la réunification, seule l'année 2009, au plus fort de la crise financière, a vu pire (-5,7%). Mais le dérapage est moins grave qu'annoncé : l'indicateur surpasse à ce stade les prévisions du gouvernement, qui tablait sur une baisse de 5,5%.

L'Allemagne devrait même s'en sortir mieux que ses partenaires européens, comme la France (-9,3%), l'Italie (-9,0%) ou l'Espagne (-11,1%), selon les récentes prévisions de la Banque centrale européenne. Et Berlin s'attend à une croissance «nette et tangible» dès 2021, malgré la poursuite des restrictions contre la pandémie, a affirmé jeudi le ministre de l'Economie Peter Altmaier.

Il n'a cependant pas donné de nouvel objectif alors que le gouvernement tablait cet automne sur une croissance de 4,4% en 2021, et de 2,5% en 2022, soit un retour à la dynamique «d'avant crise». L'Allemagne vit depuis mi-décembre sous «confinement partiel» avec fermeture des commerces non essentiels, tandis que bars, restaurants, lieux de loisirs et de cultures, ont tiré le rideau depuis début novembre.

Hausse des commandes



«Au regard des craintes initiales (...) l'économie allemande limite la casse», résume Fritzi Köhler-Geib, cheffe économiste pour la banque publique KFW. Cette performance est due notamment aux bons résultats de l'industrie : par rapport au brutal coup de frein du printemps, le secteur, pilier du modèle allemand, n'a pas souffert de ce second confinement. Bien au contraire: les commandes à l'industrie manufacturière ont augmenté de 2,3% en novembre, au plus haut depuis le début de la crise, tandis que la production a augmenté de 0,9% sur un mois.

Ces deux indicateurs progressent depuis plusieurs mois, grâce au dynamisme du marché chinois, l'un des principaux débouchés de l'Allemagne. Le deuxième confinement «a eu moins d'impact sur l'économie réelle que celui du printemps (...) nous pouvons donc gérer la pandémie sans empêcher la reprise», a affirmé le ministre de l'Economie.

Million d'emplois menacés



Mais l'horizon n'est pas entièrement dégagé pour 2021 alors que certains secteurs craignent d'être laminés par la poursuite des restrictions. Les fédérations de commerçants craignent une vague de faillites, avec la disparition de «50.000 magasins» dans les prochains mois.

Dans les petites et moyennes entreprises, colonne vertébrale de l'économie allemande, ce sont près d'un million d'emplois qui sont menacés, selon une étude de la banque publique allemande KfW. La pandémie a déjà mis fin à 14 années de hausse continue de la population active en Allemagne, qui est en baisse de 1,1% sur un an, tandis que le chômage évolue désormais autour de 6%, contre 5% auparavant.

La poursuite des restrictions, d'une part, et des mesures de soutien public, d'autre part, seront «déterminants pour l'évolution de la situation économique globale», a souligné Georg Thiel, de Destatis. Pour épauler les entreprises, le gouvernement a déjà prolongé les aides spéciales jusqu'à fin janvier.

Les divers plans d'aides massifs accordés par les pouvoirs publics à l'économie ont coûté aux comptes des administrations publiques leur premier déficit en huit ans, à 4,8% du PIB. A 158,2 milliards d'euros, c'est le deuxième plus élevé depuis la réunification et les dépenses massives qu'elle avait engendrées.

Mais le patronat se plaint de la lenteur des versements, ainsi que du changement des règles de calcul depuis le 1er janvier, qu'il juge moins avantageuses.

La chancelière Angela Merkel a averti que les prochaines semaines verraient «la phase la plus dure de la pandémie», sur fond de propagation de variants du virus considérés comme plus contagieux. L'avenir de l'économie allemande dépendra de l'évolution de la situation sanitaire, ont de leur côté prévenu les «sages économiques», comité d'experts qui conseille le gouvernement.
 
 

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