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L'affaire Bettencourt prend un tour politique

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20 juin 2010

L'ex-maître d'hôtel de Liliane Bettencourt placé en garde à vue pour avoir enregistré à son insu la femme la plus riche de France a été remis en liberté vendredi, mais l'affaire prend un tour politique.

La publication par le site Mediapart des enregistrements pirates réalisés entre mai 2009 et mai 2010 suggère en effet des interventions de l'entourage de Nicolas Sarkozy en faveur de Liliane Bettencourt dans le procès qui l'oppose à sa fille, ainsi que des dons à des candidats du parti présidentiel.

Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, a estimé vendredi que l'affaire Bettencourt pourrait se transformer en "Sarkogate" et entraîner la démission du chef de l'État si les soupçons d'immixtion de l'Élysée dans la procédure judiciaire étaient avérés.
"Si cette affaire et si ces enregistrements se révèlent vrais, tout comme l'affaire de Karachi, nous sommes face là à un scandale d'État qui doit entraîner la démission du président de la République ou sa destitution", a-t-elle déclaré à Reuters.
Marine Le Pen a ajouté avoir également dénoncé de longue date la "double casquette" du ministre du Budget de l'époque, Eric Woerth, devenu ministre du Travail, qui était "en même temps trésorier de l'UMP", poste qu'il occupe toujours.
"C'est le mélange absolu des genres", a-t-elle déploré.
Le nom du ministre apparaît dans les conversations enregistrées à plusieurs reprises, au côté de celui de son épouse, Florence, qui travaillait alors pour Clymène, société chargée de gérer le patrimoine de Liliane Bettencourt.
Eric Woerth, qui était ministre du Budget de mai 2007 à mars 2010, s'est défendu jeudi d'être intervenu en faveur de la situation fiscale de Liliane Bettencourt, actionnaire principale du géant des cosmétiques l'oréal ou d'avoir reçu de l'argent.

"ALLEGATIONS DENUEES DE FONDEMENT"

Dans un communiqué, il a estimé que ces allégations visaient à porter atteinte à sa réputation, au moment où, en tant que ministre du Travail, il présente la réforme des retraites. Ce qui ne me semble pas relever du hasard", a-t-il écrit. "Ce sont des allégations totalement dénuées de fondement. Elles sont d'autant plus ridicules que je rappelle qu'en tant que ministre du Budget j'ai mené une lutte acharnée contre l'évasion fiscale et les paradis fiscaux", a-t-il ajouté. Sur RTL, Eric Woerth avait cependant jugé "possible qu'il y ait eu des dons dans le cadre de la campagne" pour les élections régionales des 14 et 21 mars 2009". La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, était alors la candidate de la majorité en Ile-de-France. A la suite de la publication de ces enregistrements, qui ont été remis à la police, Liliane Bettencourt a déposé une plainte pour "atteinte à la vie privée", "vol" et "faux témoignages", a-t-on appris dans son entourage.
Sans attendre cette plainte, le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) avait fait placer en garde à vue mercredi l'ancien maître d'hôtel de Liliane Bettencourt. Celui-ci a été remis en liberté vendredi.

Parallèlement, la garde à vue de l'informaticien entendu pour avoir copié sur des CR-Roms ces enregistrements a été prolongée jusqu'à samedi. Lui aussi était un ancien employé de Liliane Bettencourt."Les investigations se poursuivent et nous attendons d'autres éléments pour statuer", sur le sort du maître d'hôtel et de l'informaticien, a-t-on précisé au parquet de Nanterre. Sur les faits révélés par les enregistrements, le parquet de Nanterre ne semble pas envisager pour le moment d'ouvrir une enquête. "La première question qui se pose est de savoir comment ces propos ont été enregistrés, cette méthode semblant constituer une infraction", a-t-on expliqué. Pour Marine Le Pen, le parquet "s'évertue à sortir le pouvoir de toutes les affaires difficiles".

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