Deux départs de directeurs artistiques annoncés avant même leur dernier défilé, "un mauvais timing" qui eut été autrefois interprété comme un affront, mais qui doit surtout à ce que certains considèrent comme un bien, d'autres comme un mal, et les derniers comme une fatalité: l'accélération du temps médiatique. Dernier exemple en date: la confirmation ce lundi par la maison Yves Saint Laurent de sa fin de collaboration avec Stefano Pilati, son directeur artistique depuis 2004.

Stefano Pilati à l'issue du défilé printemps-été 2012 d'Yves Saint Laurent - Photo: Pixelformula.

Une annonce qui intervient alors que la planète mode bruisse depuis plusieurs jours déjà de son départ, et même de son remplaçant potentiel: Hedi Slimane. Si celui-ci n'a pas encore été confirmé par la maison ou le groupe PPR, la nouvelle de la fin de l'ère Pilati avant sa dernière prestation parisienne pour la maison, le 5 mars prochain, montre que la maîtrise de la communication a pâti de l'émergence des blogs et autres réseaux sociaux, diffuseurs de rumeurs, fondées ou non, étayées ensuite par les médias classiques.

"L'immédiateté d'internet et la rapidité de diffusion des rumeurs peuvent rendre incontrôlable une stratégie de communication, estime le consultant Jean-Jacques Picart. C'est une vraie question qu'il va falloir se poser, en prenant du recul", ajoute-t-il.

Même mésaventure est arrivée à la maison Jil Sander, qui s'est vue imposer le nouveau timing médiatique, là encore contrainte à confirmer très vite le départ de Raf Simons, puis le retour de Jil Sander elle-même. Et de relancer ainsi le serpent de mer qui agite le milieu depuis déjà un an désormais, la succession de John Galliano chez Christian Dior.

Contre-exemple intéressant d'ailleurs que celui de la maison Dior qui, face à l'impatience générale et aux multiples bruits plus ou moins insistants nommés Marc Jacobs, Stefano Pilati ou Raf Simons, dicte (pour l'instant) son calendrier. En imprimant son rythme, se place-t-elle au dessus de la mêlée ou prend-elle le risque de laisser le "soufflet du buzz" retomber ? Car ce qui n'agitait auparavant que le sérail mode appartient aujourd'hui au plus grand nombre sur l'agora internet. Les conséquences positives comme négatives d'une rumeur en sont donc multipliées.