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20 févr. 2020
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Jil Sander : un peu de poésie dans une ancienne centrale électrique

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Paul Kaplan
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20 févr. 2020

L'époque n'est plus au minimalisme. La frénésie Instagram a émoussé depuis longtemps l'aspiration générale à la retenue et à la discrétion qui régnait il y a deux décennies. Et pourtant, Lucie et Luke Meier, le duo de créateurs à la tête de Jil Sander — "la" marque de mode minimaliste par excellence — ont réussi le pari de lui rendre sa pertinence.


Jil Sander - Automne-Hiver 2020 - Prêt-à-porter féminin - Milan - © PixelFormula


C'est en tout cas l'impression qui ressortait de leur défilé très poétique, mis en scène dans un gigantesque espace industriel milanais, fraîchement redécouvert par le secteur de la mode local.

Les formes fluides, les tissus immaculés et les silhouettes gracieuses de la collection se combinaient dans un moment plein de charme et de raffinement. Les mannequins déambulaient autour de deux rangées de chaises classiques, comme si elles hésitaient avant de s'asseoir.

"Ce qui est important pour nous, c'est le mouvement. Montrer la légèreté et la sensualité des vêtements lorsqu'ils sont en mouvement", explique Lucie Meier dans les coulisses du show. "Les laines d'hiver aussi peuvent donner une impression de souplesse", ajoute son mari, Luke Meier.

Toutes les silhouettes du défilé exhalaient une fraîcheur revigorante, depuis les simples blazers à un bouton jusqu'aux jupes en laine fendues sur le côté, en passant par cette série de capes mémorables — notamment une version en cachemire portée sur une robe tube en maille côtelée, ou encore cette belle robe en taffetas écru, qui donnait des allures de mère supérieure, portée avec un manteau.

"Pour nous, il ne s'agit pas de minimalisme : on se concentre plutôt sur une certaine démarche. Il faut que ce soit dans l'air du temps. Il était important pour nous que les mannequins restent un petit moment sur le podium, pour que le public puisse passer plus de temps avec eux. Et puis, s'asseoir fait partie de la vie", note Lucie Meier.
 
Car chez Jil Sander, on voit le vêtement différemment. Dans les coulisses, le tableau qui présente chaque passage à l'attention des habilleurs du défilé comportait également une vue de dos pour chaque tenue. C'est rare, très rare. "Pourquoi pas ? C'est important", insiste Luke Meier.


Jil Sander - Automne-Hiver 2020 - Prêt-à-porter féminin - Milan - © PixelFormula


L'immense espace immaculé choisi pour le défilé était l'écrin idéal pour cette collection d'automne-hiver 2020. L'ancienne centrale électrique est située sur la Via Bramante, baptisée ainsi en hommage à Donato Bramante, l'un des plus grands peintres et architectes de la Renaissance — c'est lui qui a réalisé le projet de la basilique Saint-Pierre de Rome. Aujourd'hui, la rue est envahie de magasins de vêtements chinois à bas prix. Mais la collection Jil Sander aurait sûrement plu au grand maître, connu pour son amour de la perspective et des lignes harmonieuses.

"L'usine d'origine a été rénovée de fond en comble et deviendra à terme un musée consacré au design. Nous nous sommes faufilés dans l'interstice", explique Luke Meier, dont la bonne humeur semblait avoir contaminé l'ensemble du défilé.

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