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19 juil. 2018
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Jean-Louis Missika (Mairie de Paris) : "Le centre commercial traditionnel vit ses dernières années"

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19 juil. 2018

A l’occasion du lancement du chantier de l’extension Italik du centre commercial Italie 2, Jean-Louis Missika, l’adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, qui a notamment piloté le concours ‘Réinventer Paris’ lancé par la Ville en 2014 dans le but de faire émerger des projets architecturaux innovants, livre à FashionNetwork.com sa vision de la place du commerce et des promoteurs dans les futurs espaces urbains.


Jean-Louis Missika - DR


FashionNetwork : Quelle est votre perception de la place du commerce dans le projet de redéploiement urbain de la ville de Paris ?

Jean-Louis Missika : Je pense que le commerce se trouve aujourd’hui dans une phase de mutation, pour des raisons évidentes notamment liées au poids croissant d’Internet dans notre manière de consommer. Cela signifie que les centres commerciaux doivent pouvoir se réinventer, car ils ne peuvent plus être des lieux où l’on vend des vêtements et du mobilier uniquement. Il faut désormais que ces espaces offrent une dimension événementielle et expérientielle, pensée pour le consommateur. Il faut bien sûr qu’il y ait une relation entre le commerce physique et numérique. Mais le centre commercial traditionnel vit, je crois, ses dernières années. D’ailleurs, en cela, nous avons bien vu que le projet Italik représente pour la foncière Hammerson (en charge du projet, ndlr) un banc d’essai pour aller explorer ces nouvelles pistes de régénération des centres commerciaux.

FNW : Paris doit donc, comme toutes ces villes s'inscrivant dans le plan national 'Action Cœur de Ville' visant à revitaliser les centres-villes, œuvrer au rapprochement des élus et des promoteurs ?

JLM :  Oui, bien sûr, c’est une forme de partenariat intelligent et exigeant, en respectant bien entendu toutes les frontières. Et en ayant conscience que la mise en concurrence peut aussi être un puissant moteur. Surtout dans le cas d'Hammerson d’ailleurs, qui a été poussé à améliorer de façon spectaculaire son projet grâce à la mise en concurrence et à l’orientation de la compétition autour de cette idée centrale qu'est l’innovation. Je pense que la façon dont nous allons travailler dans le futur va être de plus en plus orientée vers une compréhension commune de l’intérêt général, et de la relation entre espaces publics et espaces privés. On considère d’ailleurs dans le droit français qu’un espace commercial fait partie de l’espace public. Et, donc, à partir du moment où cela fait partie de l’espace public, il faut que les élus aient un droit de regard, et pas seulement sur ce qu’il se passe à l’extérieur, mais aussi un tout petit peu sur ce qu’il s'y passe à l'intérieur. Ce regard me paraît essentiel et, de mon point de vue, c’est cela que nous avons exploré avec Hammerson sur ce projet Italik.
 
FNW : Avez-vous eu de vraies surprises, bonnes ou mauvaises, parmi les projets du concours 'Réinventer Paris' liés au commerce ?

JLM : Non, pas réellement de surprises. Mais nous avons vu beaucoup de très bonnes choses, notamment cette vision d’une certaine verticalité que l’on voit sur un autre projet situé dans le XIIIe arrondissement qu’est ‘Ré-Alimenter Masséna’ : un immeuble avec cette idée centrale d’aller de la fourche à la fourchette. L’idée est de cultiver sur place ce qui sera vendu et consommé dans les restaurants de la tour. Un concept que l’on retrouve maintenant de façon récurrente dans de nombreux projets, mais qui au moment du projet d’origine était révolutionnaire. Je pense également que ce que va proposer Hammerson avec Italik, à savoir un incubateur spécialisé dans le commerce à l’endroit même où sont installés de nombreux commerces, est une idée intéressante. De la même façon que nous avons un incubateur dédié à la logistique dans le grand centre logistique de Chapelle International. Donc cette relation entre le neuf et le traditionnel, cette possibilité que des start-up puissent disrupter un modèle à l’intérieur même d'un espace investi par ce même modèle, me paraît pertinent.
 

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