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Marguerite Capelle
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12 janv. 2023
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Jan Jan Van Essche fait de somptueux débuts sur les podiums au Pitti

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Marguerite Capelle
Publié le
12 janv. 2023

Il y a des créateurs pour qui le Pitti est une consécration, tandis que d’autres y sont découverts. Mais Jan Jan Van Essche, lui, est venu y faire un triomphe ce mercredi pour ses débuts sur les podiums, avec un somptueux défilé présenté dans un cadre renaissance exceptionnel, à Florence.


Jan Jan Van Essche collection automne/hiver 2023 à Florence - Courtesy

 
Ce défilé était autant un spectacle qu’une présentation de collection, avec en guise de final un ballet du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, belgo-marocain connu pour son mélange entre gestuelle d’arts martiaux et danse expérimentale.

Intitulée « Rite », cette collection unisexe automne/hiver 2023 est une réussite à bien des égards – la silhouette, les matières innovantes, les textures, et par-dessus tout, l’attitude.

« Nous sommes tellement heureux d’être ici. C’est un grand honneur d’être invités au Pitti, et c’est un formidable endroit pour me lancer enfin sur les podiums », souriait le Belge Jan Jan Van Essche, qui vit à Anvers.

Sa pièce clé, c’était le poncho/cape, décliné sous de multiples formes : avec des coupes éléphantines et des boutons latéraux et poches à rabats en guise de finitions. Tous traduisaient la vision novatrice du chic nomade que défend Jan Jan, lors de ce défilé présenté dans une salle voutée impressionnante, la Cappella degli Ubriachi, au cœur de la basilique Santa Maria Novella.

Le créateur est allé loin pour chercher ses tissus, dont la plupart proviennent du Japon. Le choix le plus brillant était une série de lainages shibori écossais, teints à la main par des maîtres de la technique, et qui ajoutaient une profondeur subtile à toute la collection.

La texture des tissus était à la fois brute et somptueuse, notamment grâce à une autre source lointaine de matières premières : la Mongolie, où il est allé se procurer de la laine de yak.


Jan Jan Van Essche collection automne/hiver 2023 à Florence - Courtesy


Autre choix improbable : le créateur intègre astucieusement des cotons bincho teintés ocre, grâce à un mélange de café et d’encre, offrant de merveilleux tons passés à de nombreuses pièces.

Jan Jan Van Essche, qui crée tous ses motifs lui-même, avait déjà commencé à travailler sur la collection quand il est venu à Florence pour chercher un lieu adapté.

« Mais quand j’ai découvert cet endroit, j'en ai eu des frissons. Et donc, en sélectionnant la collection, j’ai mis en avant certaines couleurs et certaines teintes qui collaient parfaitement au lieu », a-t-il expliqué à FashionNetwork.com.

Né à Anvers, Jan Jan Van Essche est sorti diplômé de la célèbre école de mode locale en 2003. Il a créé sa propre griffe il y a déjà 12 ans, et s’est tranquillement bâti une réputation de nouvelle voix de la mode. L’aboutissement en est le défilé très spécial auquel nous avons assisté aujourd’hui.

« Mon truc c’est l’émotion, plus que les mots. Et j’espère que ce  "Rite", inspiré du Sacre du Printemps de Pina Bausch, fera changer des choses dans la tête des spectateurs », explique le créateur, homme à l’allure douce, dont les dreadlocks descendent jusqu’aux chevilles.

La mode de Jan Jan Van Essche parvient à être simultanément utilitaire et noble, avec des combinaisons aux intrigants gilets intégrés, ou des manteaux oversized aux cols évasés.


Jan Jan Van Essche collection automne/hiver 2023 à Florence - Courtesy


Mais là où son talent est sans doute le plus impressionnant, c’est dans le mélange entre concepts industriels – comme ces ponchos, pantalons et impers sensationnels en coton ciré – et style ultra traditionnel. Il a travaillé en association avec un tisserand, un artisan très élégant nommé Lamine Diouf, qui s’est servi d’un métier trouvé en brocante pour créer une fantastique série de motifs écossais et à carreaux « couture », déclinés en tuniques et manteaux cache-poussière tourbillonnants. Lamine Diouf lui-même clôturait le défilé vêtu d’un de ces tissus, avec une grande fierté.

Jan Jan Van Essche est aussi allé vers le nord, à Vienne, où il a déniché quelques chapeaux cloche très cool chez l’autrichien Werkstätte Mühlbauer, avant de retourner au Japon pour les boots en cuir fauve créés sur mesure par le duo de Petrosolaum, Ryo et Sotaro Ogino.

Son casting était aussi inclusif que couillu, et tous les mannequins ont terminé le défilé dans le splendide cloître de la basilique, avant de poser sur des blocs, accompagnés par les roulements de tambour dramatiques d’un percussionniste japonais.

« Mercredi était une magnifique journée, un de ces moments où tout se met en place. Nous avions toujours dit que nous attendions le bon moment pour notre premier défilé. Et là, ça y est », rayonnait le créateur.

En voilà un superbe début sur les podiums.

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