Hyun-min Han propulse sa marque Münn à Londres
Le nom Hyun-min Han est peut-être encore peu connu dans le monde de la mode. Mais à en juger par le défilé poétique et audacieux de sa marque, Münn, samedi à Londres, il est destiné à un avenir radieux.
Mélange de fantaisie poétique, de tailleur décalé, de silhouettes coréennes traditionnelles et d'accessoires avant-gardistes, le tout orchestré avec intelligence à la Truman Brewery, le centre névralgique de la Fashion Week Men's de Londres, qui dure quatre jours.
Habile à conjuguer les influences coréennes avec les styles vestimentaires occidentaux, Hyun-min Han a présenté une série de tenues inspirées du Hanbok, la robe coréenne traditionnelle, portée sur d'amples pantalons en soie et en crêpe - superbes -, et des manteaux fluides. Le créateur sud-coréen s'est amusé à jouer avec les codes du trench-coat, en proposant plusieurs versions en calicot à taille basse et revers, avec rabats de poches courbés et passepoils.
Remarquables également, ces pantalons fluides à rayures craie contrastées, où la lisière du tissu - qui porte le nom des fournisseurs italiens ou britanniques de Münn - fait office de rayure supplémentaire. Sans oublier ces nombreux vêtements de sport ultra-techniques : des gilets de chasse en microfibre aux coupe-vent en jacquard doré, en passant par une magnifique doudoune transparente bourrée de fleurs en tissu.
Hyun-min Han est le premier créateur sélectionné dans le cadre d'un projet de collaboration entre le British Fashion Council et la Seoul Fashion Week, qui permet à un créateur coréen de défiler à Londres et à un créateur basé au Royaume-Uni de présenter son travail dans la capitale coréenne. Le choix côté britannique n'a pas encore été annoncé. Côté coréen, il était parfait.
Les accessoires de la collection ajoutaient beaucoup au panache du défilé : des sandales ornées de bijoux en argent et portées avec des chaussettes de tulle, une série de chapeaux fabuleux empruntés à un chef inca ou à un guerrier comanche sorti d'un film Sam Peckinpah.
Ajoutez un styling remarquable, qu'on doit à Elgar Johnson, expert mode et grand fan de football, et la bande-son parfaite, une version rallongée d'Easy par le groupe de rock expérimental Son Lux, et vous obtenez un véritable moment de mode masculine.
Il y a deux ans, Hyun-min Han était finaliste de l'International Woolmark Prize dans la catégorie du prêt-à-porter masculin. Cette distinction était fièrement utilisée comme logo sur ses vestes. Ce designer de 35 ans a déjà beaucoup d'expérience. Il a fait ses armes chez la célèbre Wooyoungmi avant de lancer sa propre marque, Münn, en 2013. Depuis, son travail a été vendu aux Galeries Lafayette, chez Opening Ceremony, Selfridges et Excelsior à Milan.
Pour terminer, tous les mannequins ont défilé dans des manteaux-housses à vêtements blanc cassé, arpentant fièrement le podium sous les applaudissements du public. « Je voulais que le public imagine ce qu'il y a à l'intérieur », sourit Hyun-min Han, traduit par un interprète coréen.
« J'ai adapté le défilé à la sensibilité londonienne, après avoir regardé une vingtaine de shows britanniques sur le Web », raconte-t-il, après avoir salué trois fois à la fin du défilé.
Hyun-min Han n'avait jamais présenté ses collections à l'Ouest. Ses seuls défilés ont eu lieu en Corée. La marque est encore jeune.
Sur le site Internet de la London Fashion Week Men's, Hyun-min Han est inscrit dans les onglets « showrooms » et « défilés ». Si on en juge par ce défilé mémorable, on devrait entendre parler encore longtemps de ce créateur d'exception.
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