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29 juil. 2022
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Hermès: Axel Dumas analyse le rebond en Chine et détaille les projets du groupe

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29 juil. 2022

Hermès a démarré 2022 avec "un semestre assez incroyable" et des résultats "excellents", se réjouit le gérant du groupe Axel Dumas. Entre janvier et juin, la maison de luxe parisienne a atteint un chiffre d’affaires de 5,47 milliards d’euros (+29%), un bénéfice net de 1,64 milliard (+40%) et surtout un résultat opérationnel de 2,3 milliards d’euros (+34%) qui ressort à 42,1% sur ses ventes totales, atteignant "son plus haut niveau historique". Des performances portées par le succès des collections et une hausse des ventes dans toutes les régions, y compris en Asie en dépit de la situation difficile en Chine. Une fois de plus, le groupe confirme sa grande résilience, qui lui permet d’envisager la fin de l’année avec un certain optimisme.


Le sellier a tous les atouts pour poursuivre sur sa lancée en 2022 - hermes.com


Toutes les régions affichent de très solides performances, avec des progressions à deux chiffres, y compris en Asie hors Japon où, en dépit du contexte sanitaire en Chine, Hermès a vu ses ventes grimper de 15% sur les six premiers mois de l’année, tirées par une activité soutenue surtout en Australie, Singapour et Corée du sud.

Lors d’une visioconférence avec les analystes, Axel Dumas a affirmé qu’il "n’avait vu aucun signal de ralentissement" concernant la demande mondiale, même s’il continue "d’y avoir des crises". Et de rappeler que les magasins Hermès de Macao étaient encore fermés "pour des raisons sanitaires" pénalisant la marque. Pourtant en Chine, l’entreprise, qui ne détaille pas ses ventes sur ce pays, semble avoir nettement mieux résister que ses concurrents, malgré les fermetures de ses points de vente entre avril et mai principalement à Shanghai et Pékin. "Ce qui est assez marquant, c’est le rebond très rapide de la Chine au mois de juin", a souligné le dirigeant. "Sur la Chine au premier semestre, nous sommes en croissance et pour y arriver il y a eu effectivement au mois de juin une hausse à deux chiffres".

Les déclarations d’Axel Dumas, beaucoup moins attentistes que celles de ses concurrents, laissent entrevoir une amélioration dans la région pour les prochains mois. "Au mois de juillet, on ne voit pas d’inflexion par rapport à ce que l’on a pu voir, sachant que chez nous, quand on rouvre les magasins, il y a toujours une demande très forte pour les sacs en cuir qui n’ont pas été vendus pendant la fermeture", glisse-t-il, en observant au passage "les très bons résultats de Hong Kong, où Hermès a un fort ancrage avec sa clientèle locale". "Nous sommes confiants", ajoute-t-il, confirmant le constat qui nous a été livré récemment par le dirigeant d’une autre griffe de luxe, évoquant "une forte réduction du dispositif anti Covid en Chine à partir de septembre".

Le groupe a enregistré une progression dans ses seize métiers. Comme l’a indiquéé le directeur financier Éric du Halgouët, "le taux d’écoulement des collections a été exceptionnel". Au côté des accessoires en cuir (+12%), qui constituent le cœur du business d’Hermès avec une part de 43% sur les ventes totales (contre 47% au premier semestre 2021), les ventes de l’horlogerie se sont envolées de 55% et celles des vêtements et accessoires de 36%, les nouvelles créations remportant un vif succès. La haute joaillerie connaît aussi un grand succès commercial, avancent les dirigeants de la firme.

Des recrutements en France



Sur la fin de l’année, Hermès compte poursuivre sur sa lancée. «"A moyen terme, malgré les incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde, le groupe confirme un objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux", énonce-t-il dans un communiqué. "Il va falloir apprendre à vivre dans un monde fragmenté, que ce soit en termes temporel ou de mondialisation", prévient Axel Dumas. Un défi à la portée du sellier qui peut compter sur "un certain type d’organisation d’entreprise un peu différent des autres, basé sur le long terme, sur l’authenticité et sur notre résilience. C’est important pour nous d’avoir des marges de manœuvres, de la trésorerie et être capables de tenir", résume-t-il.

Le nouveau navire amiral du sellier à Wuhan - ph Trim Lin Hermès


Dans cette perspective, le sellier n’entend pas diminuer ses investissements, loin de là. Il a ainsi recruté plus de 800 personnes, dont 600 en France au premier semestre, pour un effectif total de 18.400 personnes, et les recrutements devraient s’accélérer au second semestre. Par ailleurs, après une première augmentation de salaire de 100 euros bruts mensuel en début d’année en France, puis une prime exceptionnelle de 3.000 euros à l’ensemble des employés en février au titre des résultats de 2021, une nouvelle augmentation de 100 euros mensuels a été annoncée pour l’Europe à compter de juillet.

En termes de production aussi, les investissements se poursuivent avec cinq nouvelles maroquineries en chantier pour les cinq prochaines années.

Rentabilité record au mètre carré



Concernant le réseau de vente au détail, la maison connue pour ses célèbres sacs et carrés n’a pratiquement pas augmenté son parc depuis 2013, atteignant dans ses boutiques l’une des rentabilités au mètre carrés les plus élevées du secteur, de l’ordre de plus de 100.000 euros, selon les analystes. Axel Dumas a admis qu’Hermès avait besoin d’augmenter sa présence, notamment en Asie dans de nouvelles villes, et aux Etats-Unis, citant l’ouverture en septembre de son nouveau magasin amiral à New York au 706 de l’avenue Madison et d’une boutique en Floride. "L’idée, c’est d’avoir un petit peu plus d’effet de périmètre", glisse le manager. Parallèlement, la griffe va déployer son site marchand au Brésil.

Ces dépenses vont forcément se traduire par une rentabilité inférieure sur le deuxième semestre. "Nous avons un programme de communication très dense pour la deuxième partie de l’année car de nombreux événements ont été décalés en Chine en raison du Covid, avec des investissements qui devraient avoisiner les 550 millions d’euros pour 2022. Puis, il y a le renforcement de nos capacités de production et nos investissements vont passer là aussi de 200 millions d’euros au premier semestre à 550 millions sur l’ensemble de l’année. Troisièmement, nous allons aussi muscler nos équipes pour faire face au trafic en magasin. Enfin s’ajoute l’augmentation salariale, donc ceci impactera inévitablement le second semestre", conclut Éric du Halgouët.

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