PARIS, 24 jan 2007 (AFP) - Des madones pleines de grâce, voile ou auréole sur la tête, sont apparues mercredi sur le podium du défilé Jean Paul Gaultier tandis que Franck Sorbier ouvrait la porte d'un cabinet de curiosités sur des silhouettes au charme étrange, gainées de soie ou de guipure. Les deux créateurs présentaient leur collection haute couture pour le printemps-été 2007.

Modèle de Jean Paul Gaultier

Chez Jean Paul Gaultier, des vapeurs d'encens flottent dans l'atmosphère, l'orgue tonne, la procession commence : une femme en costume croisé blanc, coiffée d'une auréole, descend un escalier, un "brassard de communiant" au longs pans frangés se balançant au rythme de ses pas.

Cette première silhouette donne le ton d'un défilé placé sous le signe du religieux mais sans austérité excessive : capuches, chasubles et motifs pieux se conjuguent à des décolletés généreux, des transparences, des épaules nues. Les auréoles semblent en plastique, parfois orange vif, ou se transforment en coiffes spectaculaires.

Modèle de Jean Paul Gaultier, lors de la présentation des collections printemps-été 2007 le 24 janvier 2007 à Paris Photo : Martin Bureau/AFP

Une robe invite à baisser les yeux sous une capuche et s'accompagne d'un brassard de communiant, mais son dos est décolleté, avec un laçage de style corset. Une robe longue se décline en "bleu céleste" qui rappelle la Vierge de Lourdes, plus loin on croit reconnaître le brun d'une robe de bure sur une robe-bustier en soie, à l'ourlet retourné en capuche.

Modèle de Jean Paul Gaultier, lors de la présentation des collections printemps-été 2007 le 24 janvier 2007 à Paris Photo : Martin Bureau/AFP

Un ciboire orne un buste, sur fond de dentelle, des cordelières ceignent la taille, une croix se découpe sur une courte robe brodée de paillettes noires, des angelots volent sur un fourreau, des plaques votives en argent protègent un buste. Le coeur sanglant de Jésus avec son "flot de sang en mousseline" tache une robe grise. Voici qu'apparaît l'Enfant Jésus sur un robe longue imprimée "vitrail".

Catherine Deneuve, Victoria Beckham et Claude Pompidou ont assisté au défilé auquel a participé la danseuse et mannequin Dita Von Teese qui présentait une longue robe ouverte sur un lamé transparent or.

La Vierge était également présente chez Franck Sorbier, mais dans une version baroque, en pantalon brodé et tunique, avec dans les bras l'enfant Jésus.

Modèle de Franck Sorbier

Le couturier avait transformé la scène du théâtre du Palais Royal en un cabinet de curiosités --squelette doré, miroirs, sphynx, harpe.... Chaque lever de rideau révèle un nouveau modèle sur des femmes figées comme des statues.

Modèle de Franck Sorbier

Une femme en court manteau noir à motifs de cartes de tarots tient une boule de cristal au creux de ses mains, une autre arbore une robe noire comme formée d'arabesques de lacets, une danseuse en robe-tutu blanche se penche sur un percheron vivant. Une robe longue noire se parsème de feuilles grises, des coiffes ont des allures de boucliers africains. Une combinaison-pantalon noire brodée d'arabesques blanches s'accompagne d'un paletot tigré peint à la main.

Modèles de Franck Sorbier

La soie se compresse pour corseter le buste ou bouillonne en robes longues, une broderie dessine comme des yeux d'or sur la poitrine d'une robe noire.

Une femme moulée dans une robe de guipure blanche à col montant, trois colombes perchées sur les bras, apporte une ultime note onirique au défilé.

Chez Carven, Pascal Millet voit l'été en ivoire et marine, avec une garde-robe d'une élégance très parisienne. De petites jupes ivoire s'accompagnent de courtes vestes marine, les robes comportent des pliages ou des applications de dentelle. Sandales et boutons sont précieux, des bandeaux marine à pois blancs se nouent autour de la tête.

Par Dominique SCHROEDER