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Les echos
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4 juin 2009
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Habillement : place aux créateurs chinois ?

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Les echos
Publié le
4 juin 2009


La Chine est encore un pays davantage tourné vers la fabrication que vers la conception, mais un vrai changement est en train d'intervenir. Le phénomène n'est pas réellement nouveau, mais ce n'est vraiment qu'au cours de la dernière décennie que la créativité a été encouragée, sous l'impulsion d'une nouvelle politique économique.

Des liens plus étroits avec Hong-Kong - territoire revenu à la Chine en 1997 -, la naissance de grosses sociétés privées investissant dans des projets immobiliers et facilitant l'installation de stylistes, l'encouragement à l'investissement privé... Tous ces éléments objectifs ont favorisé une montée de la créativité en Chine. Mais il faudra encore du temps pour que le pays se taille une réputation pour ses stylistes et sa créativité plutôt que pour son industrie textile à proprement parler. Et la crise économique pourrait également ralentir ce processus...

Les stylistes opèrent, en Chine, dans un spectre de prix allant de la version chinoise de la haute couture - exclusif et cher mais comme beaucoup d'autres choses en Chine, mais plus abordable que dans la version européenne -, au moyen de gamme et aux marques encore plus accessibles.

Toutefois, le concept des lignes de créateurs extrêmement abordables, comme celles développées chez H&M par Stella McCartney ou Karl Lagerfeld, n'existe pas encore. Il faut garder à l'esprit que l'immense majorité du peuple chinois reste faiblement rémunéré et pas aussi préoccupé par la mode que peuvent l'être les consommateurs en France ou en Grande-Bretagne.

Une grosse partie de l'attention du gouvernement s'est jusqu'à présent concentrée sur l'industrie textile et les confectionneurs. Et pour cause : le secteur est le plus gros pourvoyeur de chiffre d'affaires. En comparaison, les créateurs restent à une toute petite échelle. Cependant, les pouvoirs publics ont encouragé le secteur privé à s'impliquer dans certaines initiatives comme celle du D-Park à Pékin.

Ce type d'initiatives contribue d'ailleurs à créer un climat, un environnement dans lequel la mode n'est plus perçue comme décadente et superficielle. Le fait que les créateurs occidentaux puissent organiser des événements prestigieux ou en être des parrains officiels, comme pour la China Fashion Week de Pékin ou la Shanghai Fashion Week, aide également, dans le pays, à une prise de conscience et encourage les professionnels étrangers de la mode à "voir" la créativité chinoise.

L'étude que nous avons réalisée montre que les riches chinois des métropoles restent très attentifs aux marques étrangères, tandis que l'intérêt pour les marques locales croît dans les villes plus petites. Les enseignes et les marques locales - comme l'équipementier sportif Li Ning - y sont énormes.

Le fait est que bien que la Chine soit devenue un marché incontournable pour les marques internationales qui cherchent à se développer, les marques et les enseignes locales les observent et en tirent les leçons, notamment en matière de marketing ou d'agencement des magasins. Dans le même temps, ils exploitent leurs précieux avantages : la compréhension de l'âme chinoise et du sens de la mode chinoise.

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