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20 févr. 2019
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Grande-Bretagne : le rachat d'Asda par Sainsbury's compromis

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Reuters
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20 févr. 2019

L’autorité britannique de la concurrence a porté mercredi un coup qui pourrait être fatal au projet d’acquisition d’Asda, filiale de Walmart, par Sainsbury’s pour 7,3 milliards de livres (8,4 milliards d’euros), en prédisant que les deux distributeurs ne parviendraient vraisemblablement pas à apaiser ses inquiétudes.


Le rachat d'Asda par Sainsbury's compromis par la CMA - Tu Clothing


A la suite de ces déclarations, le titre Sainsbury’s chutait de près de 16 % en milieu de matinée à la Bourse de Londres, accusant la plus forte baisse d’un indice Stoxx 600 en progression de 0,19 %, et s’acheminait vers sa pire performance en une journée depuis octobre 2008.

Il entraîne dans son sillage le titre Morrison, numéro quatre de la distribution en Grande-Bretagne derrière Sainsbury et Asda, qui recule de 4,5 %. En revanche, l’action Tesco, le numéro un qui serait supplanté si l’opération Asda-Sainsbury’s était autorisée, ne perd que 0,22 %, faisant mieux que l’indice regroupant les valeurs européennes de la distribution (-0,61 %).

Dans un avis provisoire, la Competition and Markets Authority (CMA) déclare que le projet de rapprochement entre Sainsbury’s et Asda pourrait être purement et simplement bloqué ou, pour être validé, nécessiter la vente d’un grand nombre de magasins, voire de l’une des deux marques.

La CMA ajoute qu’il sera « probablement difficile pour les entreprises de répondre à ses inquiétudes » liées au projet qui, selon elle, pourrait entraîner à la fois une hausse des prix, notamment dans les stations essence détenues par les deux groupes, et une dégradation de la qualité.

« Difficile d’arriver à un pire résultat (pour les entreprises) », déclare Bruno Monteyne, analyste chez Bernstein.

Un rachat d’Asda par Sainsbury’s, dont la logique est également de mettre à distance la vive concurrence des enseignes à bas coûts Lidl et Aldi, donnerait naissance à une entité pesant environ 51 milliards de livres de chiffre d’affaires, détenant plus de 2.800 magasins avec une part de marché de 31,2 %.

La transaction serait une bonne occasion pour l’américain Walmart, le numéro un mondial du secteur, de sortir du marché britannique, qui est l’un des mauvais élèves de son portefeuille d’actifs.

La CMA a changé les règles du jeu, selon Sainsbury's

En réaction à l’avis de la CMA, Sainsbury’s a dit être fondamentalement en désaccord avec les conclusions du régulateur, estimant que ce dernier avait « changé les règles du jeu » et que son analyse présentait des incohérences par rapport à des « cas comparables ».

« Nous allons tâcher de comprendre ce qui sous-tend ces conclusions et nous allons continuer à défendre notre dossier au cours des semaines à venir », a poursuivi Sainsbury’s.

Les objections formulées par la CMA contrastent avec la relative facilité avec laquelle Tesco a obtenu le feu vert pour le rachat de Booker, premier grossiste du pays, acquisition qui, de l’avis des analystes et des autres acteurs du secteur, donnera au numéro un du secteur une position imprenable.

La CMA va maintenant solliciter des réponses aux inquiétudes exprimées et recueillir les propositions des parties prenantes avant d’arriver à un avis définitif d’ici le 30 avril.

D’après les termes du projet d’acquisition d’Asda par Sainsbury, Walmart doit recevoir environ trois milliards de livres et une participation de 42 % dans le nouvel ensemble. Le groupe américain disposerait d’une option lui permettant de ramener cette part à 29,9 % après deux ans et de sortir complètement au bout de quatre.

Les deux groupes affirment qu’ils baisseraient d’environ 10 % le prix des « articles de tous les jours », à la faveur des économies de coûts réalisées auprès des fournisseurs.

Lors de l’ouverture de son enquête approfondie en septembre, la CMA avait notamment dit vouloir examiner si un mariage entre Sainsbury’s et Asda ne risquait pas de leur donner un pouvoir de négociation excessif vis-à-vis de leurs fournisseurs.

Les deux entreprises n’ont pas voulu dire à partir de quel niveau l’ampleur des concessions exigées les amènerait à considérer que leur rapprochement n’a plus d’intérêt. Une source proche du dossier a dit à Reuters qu’exiger « plusieurs centaines » de cessions serait à même de faire capoter le projet.

Selon UBS, la fusion entre Sainsbury’s et Asda resterait viable même la CMA réclamait 132, voire quelques dizaines de plus, ventes de magasins.

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