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3 avr. 2011
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Gaultier: Qui après Hermès?

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3 avr. 2011

Dans un bref communiqué le 1er avril, Hermès a annoncé "avoir été approché par des acquéreurs intéressés par sa participation de 45% dans la maison Jean Paul Gaultier". Contactée, la maison déclare: "Nous sommes au début des négociations". Pas plus. Les spéculations vont pouvoir aller bon train sur le potentiel repreneur. Selon le quotidien Les Echos, un mandat aurait été confié à l'agence de conseil en fusions et acquisitions Aforge Finance, pour une "mission de réflexion sur les évolutions stratégiques".

Jean-Paul Gaultier, Hermès
Jean Paul Gaultier, défilé Haute Couture printemps-été 2011

Actionnaire depuis 1999, Hermès était entré au capital avec l'objectif d'accompagner le développement de la griffe en termes de boutiques en propre et d’offre produits. Et pour cause, deux ans auparavant, Jean Paul Gaultier accédait aux podiums couture, il ne lui restait plus qu’à doter son prêt-à-porter d'une seconde ligne et d'accessoires et de les vendre en boutiques, les siennes de préférence. En 2005, Jean Paul Gaultier comptait quinze boutiques en propre dans le monde. Aujourd’hui, le parc commercial est divisé de moitié et la maison n’a plus de seconde ligne. Quant aux accessoires, leur offre est limitée.

Presque sans surprise, le chiffre d’affaires, qui s'élevait en 2009 à 22,5 millions d’euros (publié), aurait plutôt eu tendance à baisser ces cinq dernières années, avec une perte nette à hauteur de 3 millions d’euros. Pourtant, la maison actionnaire à hauteur d’abord de 35% (1999) puis 45% (2008) à la faveur d’un rachat de dettes, a toujours soutenu Jean Paul Gaultier (également directeur artistique des lignes femme Hermès de 2003 à 2010 ). "Hermès a eu un comportement très élégant", souligne Donald Potard, président de la société Jean Paul Gaultier de 1977 à 2005, fondateur de l’agence de conseil Agent de Luxe.

Néanmoins, la maison abrite une belle et fructueuse pépite: les parfums (Le Mâle, Madame, Classique, ...). Sous licence avec BPI (parfums Issey Miyake, Narcisso Rodriguez et Jean Paul Gaultier) jusqu’en 2015, ils représenteraient aujourd’hui au moins 65% du chiffre d’affaires selon nos sources. "Idéalement, que Shiseido (propriétaire de BPI, ndlr) rachète la société serait la solution la plus élégante", souligne Donald Potard. Des groupes comme Coty ou Puig pourraient également être intéressés. D’autant que ce n'est pas la première fois que de tels groupes s'emparent de marques de mode aux parfums très juteux, exemples Paco Rabanne et Nina Ricci chez Puig, Thierry Mugler chez Clarins. Selon Les Echos, la valorisation de la société Jean Paul Gaultier fait l'objet d'estimations très différentes, allant de dizaines de millions d'euros à des centaines de millions. Sur son site, Les Echos citent ce week-end Puig, mais aussi le Suisse Richemont et le Chinois Fung Capital (voir article).

Reste que la mode, et surtout la Haute Couture chez Jean Paul Gaultier coûte cher à la société, comme généralement dans les maisons de mode, ce qui fait dire à Donald Potard que "quel que soit le repreneur, il y a de grandes chances qu’il veuille arrêter la Haute Couture". Sauf peut-être à relancer une seconde ligne et ses accessoires, lesquels viendraient étoffer les rayons en boutiques.
Figure phare de la mode des années 1980, pionnier des "castings sauvages", Jean Paul Gaultier anime toujours la scène parisienne, notamment celle des défilés avec des shows et invitées inattendues comme Arielle Dombasle, Beth Dito et dernièrement Valérie Lemercier pour la collection "anti-jeunisme" (automne-hiver 2011/2012). Aujourd'hui la marque se décline en une ligne principale pour femme et homme, des accessoires (chaussures, sacs et bijoux). Elle décline depuis peu "sa" marinière pour les enfants avec la ligne Junior Gaultier sous licence avec Zannier.

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