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French Tech : des fonds étrangers apportent leur soutien à Emmanuel Macron

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7 déc. 2018

Le président Emmanuel Macron doit poursuivre une politique fiscale attractive à l’égard des investisseurs étrangers s’il veut conforter l’essor des start-up en France, ont dit jeudi des investisseurs de la Silicon Valley.


Photo prise le 12 novembre 2018 - REUTERS/Ludovic Marin


Leur déplacement à Paris intervient à un moment délicat pour le chef de l’Etat français qui doit faire face à la colère des « gilets Jaunes » vis-à-vis de sa stratégie économique, perçue comme déséquilibrée en faveur des plus riches.

Cette discrète journée d’immersion dans la « French Tech », résultat de deux mois de préparation menée par Business France, Bpifrance, France Digitale et la mission French Tech, doit se clôturer par un dîner à l’Elysée à l’invitation d’Emmanuel Macron.

Aux yeux de Joe Schoendorf, associé au sein du fonds de capital-risque Accel, la France a l’opportunité de s’imposer comme l’acteur de premier plan dans la technologie en Europe.

« La France va devenir un centre d’innovation pour la nouvelle Union européenne, ils vont le faire, ils vont tout exploser », a-t-il expliqué à Reuters lors d’une visite à Station F, l’incubateur géant financé par l’entrepreneur Xavier Niel dans le centre de Paris. « Aujourd’hui, la France est le maître du jeu (...) Personne ne se met sur votre chemin mais ne baissez pas les bras », a-t-il ajouté.

La « French Tech » a décollé au cours de ces dernières années, portée par un meilleur accès aux financements, par un ensemble de mesures gouvernementales favorables et par les incertitudes provoquées par le Brexit au Royaume-Uni, longtemps leader incontesté de la place.

Une politique fiscale contestée

La France marche toutefois sur le fil pour trouver le juste équilibre entre le renforcement de son attractivité auprès des investisseurs internationaux et la colère ressentie par une partie de la population concernant le pouvoir d’achat.
Selon une source proche de l’Elysée, Paris a un temps songé à reporter la visite avant finalement de la maintenir.

Le « Scale up Tour », qui fait référence à la volonté de Paris d’aider ses jeunes pousses à grandir, a coïncidé avec la menace brandie par la France ce jeudi de mettre en place en 2019 une taxation des géants du numérique à l’échelle nationale si les pays européens ne parviennent pas à s’accorder sur le sujet.

L’une des principales mesures mises en place par le gouvernement à destination des entreprises et des investissements a consisté à mettre en place un prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus du capital et à supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour le remplacer par un impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Emmanuel Macron a été contraint cette semaine de rappeler à l’ordre ses ministres après l’évocation par le porte-parole du gouvernement et la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes de la possibilité d’un retour de l’ISF.

En dépit de la violence des manifestations qui ont semé le chaos dans la capitale samedi dernier, l’équipe d’Emmanuel Macron continue d’estimer qu’une telle mesure aurait un effet repoussoir sur les investisseurs.

« Si vous voulez les nouveaux emplois avec les hauts salaires, vous devez être compétitifs par rapport au reste du monde pour eux et l’impôt sur la fortune est le meilleur moyen de ne pas les obtenir », estime Joe Schoendorf.

Tony Fadell, qui a fait partie de l’équipe de développement de l’iPhone avant de venir s’installer à Paris il y a trois ans, souligne que la tech doit continuer à être soutenue en dépit des difficultés actuelles pour le chef de l’Etat. « Je sais que les gens souffrent et ces problèmes doivent trouver une solution mais on ne peut pas hypothéquer l’avenir », a-t-il dit.

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