Traduit par
Marguerite Capelle
Publié le
21 sept. 2019
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Fièvre tropicale et mode durable chez Marni

Traduit par
Marguerite Capelle
Publié le
21 sept. 2019

Selon une certaine école de pensée, Francesco Risso, chez Marni, serait le créateur le plus inventif du moment à Milan. Et à en juger par la collection fiévreuse et percutante qu’il a présenté au nom de la griffe ce vendredi, c’est une opinion tout à fait sage.


Marni - Printemps-été 2020 - Prêt-à-porter féminin - Milan - © PixelFormula


Francesco Risso est un authentique révolutionnaire, un créateur qui pense en dehors des clous et s’est servi d’une flopée de matériaux recyclés pour créer une série de looks visuellement éblouissants, tout en défrichant de nouveaux territoires en matière de mode.

Au cours des trois années qu’il a passées chez Marni, Francesco Risso a créé des espaces conceptuels innovants pour ses défilés, plaçant cette fois ses invités sur une série de sièges cylindriques en carton recyclé agencés de façon géométrique.

Mais le cœur du sujet, c’était une série d’imprimés dingues – des abstractions florales et gestuelles dans des couleurs primaires – fusionnés avec des formes audacieuses. Risso a vraiment un talent inné, et s’est montré capable de proposer des robes du soir astucieusement coupées de travers, des corsages asymétriques flottant et osés, des robes décolletées de courtisanes pleines d’insolence et des cabans massifs : tout était parfaitement juste.

Pour les moments plus solennels, le jeune créateur a montré des blazers et cardigans oversize digne de la haute couture, parachevés par des fleurs et végétaux des îles Fidji peints à la main. Et le public a semblé frémir sous l'onde de choc provoquée par une robe magnifique, qui paraissait réalisée avec la récolte d’un pêcheur, des algues laineuses pêchées en eaux profondes et des vieilles lignes de pêche en nylon.

« J’ai imaginé me réveiller malade, atteint d’une maladie tropicale, et que tout cela n’était qu’hallucinations, frissons, rêves insensés. La mince frontière qui fait basculer les beaux rêves dans quelque chose de perturbant, et la manière dont la nature est capable de nous reconnecter avec notre propre époque », expliquait le créateur, qui est venu saluer en blouse de laboratoire, le visage couvert d’un badigeon blanc.

Le décor comprenait des palmiers régénérés sous forme de labyrinthe vert, oeuvre de l’artiste Judith Hopf. Et le choix des coiffures était épatant : toutes les tops arboraient des tresses givrées, et plusieurs avaient des plantes aquatiques qui leur poussaient sur le crâne – des nénuphars et autres hydrophytes. Le tout sur la toute dernière bande-son géniale du DJ Frédéric Sanchez, encore un mash-up qui a atteint son apogée avec « Victims of the Riddle » de Toyah.
 

Marni - Printemps-été 2020 - Prêt-à-porter féminin- Milan - © PixelFormula


En un mot, un défilé qui marquera son temps – un Marni organique, récupérant les images d’archive et les matériaux extraits de bouteilles plastiques trouvées au fond des océans.

« Franchement, quand j’entends le mot durable, ça m’irrite un peu. C’est si facile d’utiliser le terme, et beaucoup plus dur de le traduire en actes. Mais c’est un nouveau départ, puisque nous avons utilisé énormément de matériaux organiques, comme les palmiers du décor qui ont poussé grâce à des déchets chirurgicaux. C’est notre manière de protester joyeusement », expliquait le créateur, en ce jour de grève mondiale pour le climat.

Et quand on lui rappelait cette manifestation internationale, le créateur a ri : « En fait, je devrais arrêter de causer et me mettre en grève à mon tour ! »

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com