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24 mai 2019
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Fashion Green Days : un rendez-vous tricolore qui fédère autour de la mode durable

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24 mai 2019

Dès la deuxième édition, les Fashion Green Days semblent déjà avoir pris durablement racine dans le paysage textile français. Car ce rendez-vous né en 2018 à Roubaix a réuni de très nombreux professionnels, enseignants et politiques autour d’une urgence, celle de développer une mode plus responsable. Les 23 et 24 mai à l’Ensait, conférences et ateliers ont attiré plus de 450 visiteurs, 75 exposants et 60 intervenants parmi lesquels de grandes enseignes et de jeunes pousses comme H&M, Bocage, 1083, Le Closet, Loom, La Gentle Factory… mais aussi l’IFM ou Eco-TLC.


Auditorium comble durant les débats de cette seconde édition - Fashion Green Days


« Nous voulons donner l’envie d’agir concrètement et d’anticiper avant que le système de la distribution classique ne s’effondre. Il s’agit de renouveler les idées en se réunissant dans l’action avec tous les acteurs de la filière, de toutes les tailles », expose en préambule Majdouline Sbai, responsable des Fashion Green Days. Le lieu des débats, Roubaix, fait également sens puisque la ville nordiste « a subi les mutations brutales de cette industrie par le passé, notamment l’effondrement de la production locale ».

Un forum de la mode circulaire - organisé par l’association Nordcrea - qui entend s’inscrire de façon pérenne dans le calendrier et ne pas se concentrer uniquement sur la France à l’avenir. Car l’an prochain, Lille sera la capitale mondiale du design. Une exposition sans précédent pour la ville dans laquelle souhaite s’inscrire la troisième édition des Fashion Green Days. « Nous souhaitons inviter l’an prochain de grands patrons d’entreprises internationales qui nous inspirent, annonce Annick Jehanne, présidente de Nordcréa. Les modèles actuels ne fonctionnent plus, il faudra être très nombreux et déterminés pour faire de la mode une filière qui ne détruit pas, ni l’environnement, ni les personnes ». Le thème de l’an prochain ne sera pas de définir les actions qui peuvent être menées, mais bien que les marques et industriels détaillent et prouvent ce qu’ils ont mis en place depuis lors. La nuance étant l’action.

Mais depuis une petite poignée d’années, un souffle se fait sentir et s’accentue. Stéphane Murignieux, directeur général adjoint de l’Institut national de l’économie circulaire, « observe depuis deux ans une mobilisation dans la mode et le textile, un secteur qui a connu une erreur de trajectoire, mais peut encore la rectifier ». « La prise de conscience progresse vers la même ampleur que celle connue depuis plus longtemps par l’alimentaire. On parle bien désormais, comme pour la nourriture, de gaspillage vestimentaire ». Mauro Scaglia, d’Euratex, a lui souligné l’intérêt récent et accéléré des industriels textile ces dernières années, même si le chemin est encore long à parcourir : « Le sujet de l’écoresponsabilité n’était même pas dans l’agenda il y a cinq ou dix ans ».


De jeunes labels et marques plus installées présentaient leurs produits ou leurs initiatives dans l'atrium central de l'école - Fashion Green Days


Alain Claudot, d’Eco-TLC (collecte et recyclage textile), plaide pour l’instauration d’un étiquetage environnemental pour les vêtements, comme celui de l’électroménager, aidant le consommateur à opter pour un article plus durable. « Si on augmente la durée d’utilisation d’un vêtement de 50 %, on économiserait 64 millions de tonnes de CO2 », appuie Laetitia Vasseur, spécialiste de l’obsolescence.

Arnaud Leroy, le président de l’Ademe et ancien député, milite également pour l’instauration d’une taxe carbone aux frontières et l’obligation d’avoir 25 % de matière recyclées dans les produits manufacturés neufs. « Il faut d’un côté favoriser ceux qui sont en avance, dans une démarche positive, plutôt que de sanctionner, mais parfois, l’obligation est nécessaire pour que cela bouge vraiment ». Il a profité des Fashion Green Days pour annoncer l’organisation en 2020 des Trophées de la mode durable. Afin d’éduquer, mettre en lumière, mais aussi faire la preuve par l’exemple.

Enfin, cette prise d’engagement et de questionnement se fait sur le plan académique. Une chaire dédiée à l’économie circulaire dans la mode est en cours de création à l’Université de Lille, impliquant notamment l’Institut du marketing et du management de la distribution de Roubaix.

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