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21 déc. 2021
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En immersion dans l'atelier de B.Solfin, spécialiste de la maille, au coeur du Calvados

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21 déc. 2021

A Villers-Bocage, dans le département du Calvados, une trentaine de personnes s'activent au son des machines à tricoter. Raccoutrage, remmaillage, rasage, coupé-cousu..., les termes techniques rythment les conversations quotidiennes de ces artisans au savoir-faire rare, qui s'attèlent quotidiennement à la production des modèles du label de mode B.Solfin et de La Française, marque de prêt-à-porter féminin initiée en 2018 par Ludovic Samson, actuel dirigeant de la société chapeautant les deux griffes. Découverte de cet atelier normand spécialisé dans la maille.


La première pièce de l'atelier possède une machine Bentley Cotton datant des années 60 - B.Solfin


Chaque salle de l’atelier possède ses propres métiers à tricoter. L’une d’elle dévoile ainsi une gigantesque machine Bentley Cotton au son vrombissant, datant des années 60, et devenue presque unique en France. Aujourd’hui, ses aiguilles travaillent à la réalisation des grandes séries et modèles classiques B.Solfin, composés de maille jersey.

La seconde pièce rassemble, quant à elle, plusieurs métiers à tricoter Stoll, réservés à la maille fantaisie et pilotés par plusieurs programmeurs assurant un maillage régulier, optimal et précis.

Après réalisation des panneaux de tricots, Carine, spécialiste du raccoutrage au sein de l’atelier depuis 2015, contrôle et répare les éventuels défauts de conception avant le transfert à la troisième pièce, qui est, elle, dédiée aux autres étapes de confection allant des coupes et repassage jusqu’au contrôle du produit fini.

Former en interne pour ne pas perdre les savoir-faire



C’est dans cette pièce que plusieurs employés de l’atelier s’affairent au remmaillage, une technique traditionnelle consistant à assembler deux panneaux de tissus, sans couture, pour former un tricot. Un savoir-faire qui demande deux à trois ans de formation, et qui se fait de plus en plus rare, en témoignent les difficultés de recrutement auxquelles fait face l’atelier, qui multiplie les panneaux d’affichage en ville pour attirer de nouveaux profils.


Le remmaillage demande deux à trois ans de formation - B.Solfin


En effet, la formation de ces métiers n’existant plus en école, l’entreprise doit se charger elle-même d’apprendre les bases de la profession aux nouvelles recrues: "Toute l’industrie est partie à l’export, ces métiers ne font donc plus l’objet de formations en France. Nous sommes contraints de le faire en interne, directement dans l’atelier", relate Isabelle Châtel, directrice de l’usine normande.

À ces enjeux de recrutement s’ajoutent les conséquences de la crise sanitaire, auxquelles sont confrontés tous les acteurs de l’industrie de la mode. En effet, bien que la fabrication des masques pendant le premier confinement ait amené de nouveaux clients, l’atelier fait aujourd’hui face à une hausse du coût des matières premières, notamment de la laine, matière phare de la griffe fondée en 1930. Une situation qui pousse le label à se séparer de certains fils mélangés, dont le prix a augmenté de manière significative.

Une démarche de transparence sur l'empreinte carbone des produits



L’usine subit également de longs délais d’approvisionnement en matières premières: certains fils destinés à la collection actuelle sont arrivés il y a seulement quelques jours à l’atelier de Villers-Bocage. La marque a donc décidé d’être prudente pour les prochaines saisons, en commençant plus tôt ses achats. 

Ces différents facteurs n’empêchent cependant pas l’atelier de mettre en place de nouvelles initiatives. En effet, la marque, qui possède également une autre usine en Vendée, n’hésite pas à renforcer son engagement pour une mode responsable en misant sur le système de précommande pour certains modèles, afin d’éviter le surplus de stock et la surconsommation. Elle teste également une étiquette de traçabilité en ligne, informant les consommateurs sur les pays de filature et teinture des fils, ainsi que sur le score de performance carbone d’un produit.

Et pour aller plus loin, les ateliers utilisent des fils certifiés GOTS et réalisent des écharpes et bonnets à partir de stocks dormants.
 
Une démarche que les dirigeants de B.Solfin associent à un développement retail, via le recrutement de nouveaux vendeurs à domicile et le déploiement de la marque sur de nouvelles plateformes en ligne telles que Zalando et la place de marché BtoB Ankorstore.
 
À terme, elle aimerait également déployer son offre aux pays asiatiques, notamment en Chine et en Corée. 

Une initiative qui permettra ainsi à la griffe française de faire découvrir le savoir-faire unique de son atelier de Villers-Bocage à l’international.

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