Par
AFP
Publié le
5 oct. 2007
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

En Allemagne, des handicapées montent sur scène pour devenir mannequins

Par
AFP
Publié le
5 oct. 2007

HANOVRE (Allemagne), le 5 oct 2007 (AFP) - Elle ont la jeunesse, la beauté, la motivation... et un fauteuil roulant: dix jeunes femmes, venues de plusieurs pays d'Europe, se sont affrontées cette semaine à Hanovre lors du premier concours international de mannequins réservé aux handicapées.

En tenue décontractée ou en longues robes du soir aux couleurs éclatantes, Milena la Macédonienne, Gerardina l'Italienne ou Ines l'Allemande ont défilé sous les projecteurs devant plusieurs centaines de spectateurs enthousiastes et un jury de professionnels.

L'objectif : se faire un nom dans le milieu de la mode, et pourquoi pas, devenir mannequin pour des publicités dans les magazines ou à la télévision. "C'est possible! Même s'il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les préjugés, car les gens, souvent, ne pensent pas que beauté et handicap puissent être compatibles", explique la Serbe Jelena Zdravkovic, jolie blonde de 23 ans.

La jeune femme, étudiante en psychologie en Allemagne et handicapée par une maladie musculaire depuis sa naissance, a été sacrée lundi soir première lauréate du concours "Beauties in motion international".

Sur des musiques de Madonna ou de Prince, les dix candidates, sélectionnées sur dossier parmi plus de 200 femmes handicapées, ont fait virevolter leur fauteuil lors de chorégraphies savamment orchestrées.

"Ces femmes ne veulent pas de pitié. Ce sont des mannequins comme les autres. Et elles sont sexy, tout simplement", observe depuis les bancs du jury le mannequin américain Bruce Darnell, très populaire en Allemagne pour sa participation à un casting télévisé de "top models".

Entre deux séances de maquillage, les candidates confient volontiers qu'elles trouvent l'expérience plutôt amusante, d'autant qu'elles ont pris part, dans ce cadre, à la réalisation d'un calendrier "animalier", où elles posent, avec ou sans fauteuil, aux côtés d'un éléphant ou avec un caméléon sur l'épaule.

"J'adore monter sur scène, me montrer en spectacle", reconnaît l'Autrichienne d'origine zambienne Khelesiya Erdkönig. "Mais rien n'est facile: nous devons toujours nous battre pour montrer qu'on peut faire la même chose que les +piétons+ (les valides, ndlr)", ajoute cette petite femme très dynamique, chanteuse de profession et handicapée depuis l'âge de deux ans.

En ce qui concerne la garde-robe, des créations originales aux drapés somptueux, "elles n'ont rien de particulier, j'aurais pu concevoir les mêmes pour des femmes valides", explique Mira Kötters, créatrice de mode et également membre du jury.

"Avec une petite réserve toutefois: les handicapées ont plus de mal à enfiler certaines robes moulantes car elles ne peuvent pas s'aider de leurs muscles au niveau des hanches", ajoute-t-elle.

Quoi qu'il en soit, "être en fauteuil roulant n'empêche pas de faire du mannequinat, malgré les préjugés", assure Renate Weidner, co-fondatrice de l'association de défense des handicapés "Partizip", qui organise l'événement.

"Les Etats-Unis ou l'Angleterre sont en avance dans ce domaine: là-bas, les handicapés tournent dans des pubs télévisées et peuvent vivre de ce métier. Ici, c'est encore impossible", regrette Mme Weidner, qui gère par ailleurs une agence de mannequins spécialisée pour les handicapés.

Pour l'Allemande Nina Wortmann, qui a elle-même participé à un concours similaire en 2004 - un an après l'accident qui l'a laissée paraplégique - et était membre cette année du jury, "ce qui compte pour faire ce métier, c'est d'être motivée, ne pas s'avachir dans son fauteuil, garder la tête haute". "Combien de valides marchent-ils dans la rue comme refermés sur eux-mêmes, tête baissée", observe-t-elle.

Par Arnaud BOUVIER

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.